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L’avertissement, la chimère et le déni

Alors que les confiné(e)s se morfondent et que les salarié(e)s s’échignent avec abnégation à leur tâche, il reste surprenant de constater que la majorité vit ce moment inédit comme un moment de pause. Une suspension du cours ordinaire des choses.

Cette pandémie n’est pourtant pas un simple accident de l’histoire. Elle constitue un avertissement qui nous est collectivement adressé. Une mise en garde contre nos modes de vie surconsommateurs, d’abord, et la mondialisation violemment libérale qui es accompagne. Une menace, aussi, sur l’organisation de nos sociétés, que nous ressentons chacun comme immuables alors qu’elles sont éphémères et qu’elles ne cessent de creuser les inégalités, depuis le fameux « there is no alternative » cher à Margaret Thatcher lorsqu’elle occupait le poste de Premier ministre britannique dans les années 1980.

Cette drôle de pause se conjugue avec ce que d’aucuns nomment désormais le « monde d’après ». Autant dévoiler tout de suite la fin de cette triste histoire : ce monde-là n’existe pas. Il ne s’agit que d’une construction intellectuelle, d’un récit médiatique. Une vue de l’esprit destinée à faire patienter une France inquiète et calfeutrée.

Derrière le rideau de fumée de cette fable se cache une réalité difficile. Alors que le pic pandémique semble atteint, les services de réanimation restent saturés, et le pays à l’arrêt. Si la décrue se confirme, elle sera lente et drainera un nombre de morts trop élevé, que ce soit en Ehpad, à l’hôpital ou en ville.

Ce mensonge cache un débat à peine voilé, qui se poursuit malgré la crise, entre les tenants de la restauration d’un Etat-providence moderne mais fidèle aux préceptes du Conseil national de la résistance et ceux qui estiment, peut-être de bonne foi, que le secteur privé est le seul à même de s’adapter aux exigences d’un monde rapide et connecté. Les travailleurs sociaux et médico-sociaux, célébrés comme des héros alors qu’ils n’aspirent à rien de tel, ont dans leur écrasante majorité choisi leur camp.

Entre déni et chimère, ce « monde d’après » s’évapore constamment sous nos yeux. Il nous reste le temps présent. Et avec lui la responsabilité de construire un collectif plus juste. Et plus humain.

Éditorial

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