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« Je continue à faire mon travail, c’est ce qu’on attend de moi »

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Depuis le 24 mars, 18 salariés de l’Ehpad Bergeron-Grenier de Mansle, en Charente, ne quittent plus la structure. Un confinement total destiné à empêcher le coronavirus de pénétrer. Marie-Claude, aide-soignante depuis vingt-neuf ans dans l’établissement, raconte leur quotidien.

« Le matin, j’aime bien me lever de bonne heure pour prendre le temps de me préparer. Ce matin, j’ai donc pris mon service à 7 h 30. Je me suis occupée d’un résident. Je l’ai levé, j’ai fait sa toilette. Ensuite, son petit déjeuner arrive tranquillement vers 7 h 30-7 h 45. Depuis que nous nous sommes installés en confinement avec eux, nous ne les réveillons plus. Ils se lèvent à l’heure qu’ils veulent et prennent leur petit déjeuner quand ils veulent. Une fois que tout le monde l’a pris, je continue mes toilettes. Je reprends mon travail de soignante. Une fois habillés, nous faisons en sorte que les résidents continuent à avoir des activités en les faisant marcher un peu dans les petits salons dispersés en plusieurs endroits dans l’Ehpad. En réalité, le confinement n’a pas changé plus que cela nos habitudes. Le rythme est différent mais les personnes âgées ont les mêmes besoins.

Changement de rythme

Il n’y a plus de journée fixe, les plannings sont chamboulés. On change de rythme. On laisse les résidents vivre au jour le jour. C’est un peu plus souple. On prend plus notre temps. L’animatrice a elle aussi choisi de rester, cela permet de maintenir les activités. Le matin, elle organise la lecture du journal. L’après-midi, ce sont des jeux de société par petits groupes.

Au niveau des repas, le déjeuner n’est plus forcément servi à midi pile. Quelques résidents, ceux qui ont le plus d’autonomie, viennent dans le petit salon pour manger. Mais la grande majorité préfère prendre leurs repas dans leur chambre. Sur les 59 résidents, seuls trois ou quatre descendent dans la salle à manger. Ce qui signifie que le confinement n’est pas total. Mais dans la mesure où nous sommes confinés avec elles, nous avons décidé laisser les personnes âgées sortir de leur chambre.

Nous sommes six aides-soignantes à être confinées avec les résidents. Du coup, nous avons divisé l’établissement en six parties. Nous nous occupons chacune d’une dizaine de résidents. Mais, en fin de compte, je continue à faire tout bonnement mon travail de soins. Confinement ou pas, c’est ce qu’on attend de moi. Et quand ils sont occupés avec l’animatrice, ça me permet de me reposer.

La direction nous avait indiqué sa volonté de faire en sorte que les professionnels se confinent avec les résidents pour éviter que le coronavirus n’entre dans l’établissement. Je me suis portée volontaire. J’ai accepté cette proposition et je ne la regrette pas. Personne ne le regrette, même ceux qui ont fait des sacrifices familiaux en laissant leurs enfants. C’est dur pour eux, mais ils restent. Je ne sais pas, en revanche, combien de temps nous allons continuer. Je verrai au jour le jour comment je me sens. Pour l’instant, cela se passe plutôt bien, donc je ne vois pas de raison d’arrêter. S’il faut encore durer plusieurs semaines, je suis prête.

« Enfermés avec eux pour les sauver »

Depuis que nous sommes avec les résidents 24 heures sur 24, je sens que cela a un effet sur eux. Je les trouve beaucoup plus posés. Une sérénité s’est installée dans l’établissement. Du coup, les personnes âgées pensent beaucoup moins au coronavirus. Je trouve que l’on gère bien la situation. En revanche, nous n’avons toujours pas de masques. Nous avons simplement des gants, du gel hydro-alcoolique, des blouses… Nous continuons comme si de rien n’était. Nous sommes évidemment prudents. On se désinfecte régulièrement.

On s’enferme avec eux pour les sauver. C’est vraiment pour les protéger au maximum que nous avons décidé de nous confiner avec eux. J’espère que le coronavirus n’entrera pas dans l’établissement. Pour le moment, nous n’avons aucun cas.

Je préfère vivre ce que je vis là, dans l’Ehpad, en m’occupant des résidents, que d’être à l’extérieur. Ça me permet d’oublier un peu ce qu’il se passe. Car ce que nous entendons n’est quand même pas évident à vivre. Cela fait vingt-neuf ans que je suis dans cet Ehpad, je n’avais jamais connu une situation de la sorte. »

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