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Les morts de trop

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« On m’a retiré ma passion. » Philippe Toulouse est devenu éducateur spécialisé pour s’occuper des gens de la rue. Fan de Coluche et de ses Restos du cœur, sa famille a longtemps travaillé dans les chantiers navals à Dunkerque (Nord) avant qu’ils ferment et que certains de ses proches ne se retrouvent au chômage. Alors la misère sociale, il connaît. Mais pas question de la gérer, il veut la combattre. D’autant qu’elle a augmenté et que les gens de la rue ne sont plus tout à fait les mêmes qu’il y a vingt ans, à ses débuts. « Aujourd’hui, dans la rue, il y a plus de jeunes diplômés, de retraités, de salariés précaires, de migrants, plus de femmes… », souligne celui qui, un jour, n’a plus supporté de voir les sans-abri mourir dehors, en toute indifférence. Fort de son expertise, il nourrit un projet : créer une maison pour ces invisibles, afin que ceux-ci bénéficient d’un logement adapté et puissent venir avec leur animal, par exemple, ce qui n’est pas le cas dans les hébergements d’urgence. Naïvement, il parle de son idée aux responsables de l’association qui le salarie et qui compte 300 employés. Ne rencontrant pas d’écho, il interpelle publiquement les élus locaux. Là encore, sans succès. Pire : on lui fait comprendre qu’il vaut mieux qu’il se taise. Peine perdue, l’éducateur est déjà en contact avec Dany Boon, figure populaire du Nord, qui non seulement accepte de l’aider à financer son opération grâce aux retombées du film Bienvenue chez les Ch’tis, mais lui donne également accès aux médias. En janvier 2011, la maison relais voit le jour. Elle loge aujourd’hui 20 sans-abri, accompagnés par deux travailleurs sociaux. Mais Philippe Toulouse n’y travaille plus depuis 2017. Motif ? Il a mis le doigt sur des malversations locales et autres détournements de subventions publiques à des fins personnels. S’en sont ensuivis des intimidations, des menaces, une mise au placard, des accusations, des procès qu’il a tous gagnés… Il a porté plainte pour harcèlement moral contre les anciens responsables de son association et l’ex-adjoint au budget de la ville. Edifiant.

Notes

« Les invisibles. Révélations sur le business de la détresse » – Philippe Toulouse – Ed. Max Milo, 19,90 €.

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