Les jours passent et, quotidiennement, les travailleurs sociaux tentent de relever un impossible défi. Celui d’assurer leurs missions, évidemment d’utilité publique, alors qu’un strict confinement est décrété et que, partout, les moyens manquent.
Cette crise aura eu le mérite de mettre en lumière, une fois encore, les ressources et le sens des responsabilités qui sont les leurs. Elle aura aussi permis de tordre le cou à quelques clichés, tels que celui de leur supposée absence d’agilité avec les outils numériques. Groupes Facebook, questionnaires en ligne, ressources web gratuites, plateformes open source, applications pour smartphones… Là encore, leur ingéniosité ne se tarit pas, comme en témoigne notre carte de France des solidarités, que vous retrouverez dans ce dossier (page 8).
Pourtant, les dispositifs existants, parfois fragiles, sont en train de craquer les uns après les autres. Dans la protection de l’enfance, les professionnels expliquent que le confinement porte en germe de véritables drames (page 10).
Ils réclament avec force des masques FFP2 pour être en mesure de protéger ces mineurs vulnérables. Pour les handicapés psychiques, des solutions provisoires s’organisent. Mais les associations s’inquiètent déjà de savoir comment tenir dans la durée (page 13).
Les maraudes destinées à venir en aide aux sans-abri, de plus en plus affamés, se poursuivent également. Tant bien que mal. Les outremers, de leur côté, attendent avec angoisse que déferle la vague pandémique (page 14).
La situation de Mayotte, du fait de son absence de structure sanitaire et d’une très forte immigration venue des Comores, inquiète tout particulièrement. Les aidants des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer, privés de leurs soutiens habituels, sont en proie au désarroi (page 12).
Dans ce moment de tension extrême, l’ingéniosité le dispute souvent à la colère. Celle, en particulier, des professionnels du social et du médico-social, qui n’ont pas été entendus par les pouvoirs publics, gouvernements et collectivités territoriales en tête, quant aux moyens minimaux nécessaires au bon accomplissement de leurs tâches, particulièrement en temps de crise systémique. Le sentiment d’abandon aujourd’hui ressenti par l’ensemble du secteur nourrit une rage qui, sans des mesures concrètes et rapidement mises en place, aura bien du mal à s’éteindre.