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Les travailleurs sociaux au cœur de la crise

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« Nous sommes en guerre », a déclaré Emmanuel Macron le 16 mars dernier devant plus de 24 millions de Français, les yeux rivés à leur écran de télévision. Une guerre contre un virus invisible, qui avance à bas bruit de par le monde et qu’il convient de combattre en restant confiné. Mais si personne n’est épargné, certains sont plus exposés que d’autres : les personnes âgées, dépendantes, celles en situation de handicap physique et/ou psychique, les populations démunies… Pour les soutenir, les professionnels de l’aide et les travailleurs sociaux travaillent sans relâche. Comme les soignants dans les hôpitaux, ils sont au front. Pourtant, au-delà de leur fatigue, déjà immense, l’inquiétude de ces héros ordinaires est perceptible, comme le souligne notre dossier d’événement. Comment tenir quand les moyens manquent, que le personnel est en nombre insuffisant, que les consignes ne sont pas toujours claires ? Si toutes les fédérations, les dispositifs, les associations du secteur social et médico-social sont, plus que jamais, mobilisées, des voix commencent à s’élever pour tirer la sonnette d’alarme. Ainsi, alors qu’un arrêté du 17 mars énonce que les professionnels des services d’aide et d’accompagnement à domicile sont, eux aussi, prioritaires pour obtenir des masques dans les pharmacies, ces derniers ont du mal à en trouver. Résultat : faute de pouvoir se protéger, et malgré leur bonne volonté, certains intervenants refusent de se rendre auprès de leur public habituel, majoritairement des personnes vulnérables et donc à risque. Ces dernières hésitent aussi, parfois, à ouvrir leur porte à un professionnel sans masque. Le manque d’équipement (masques, gel hydroalcoolique) est patent aussi dans les centres d’hébergement restés ouverts ainsi que dans les prisons surpeuplées. Les services de la protection de l’enfance ont également le sentiment d’être laissés-pour-compte. Pour preuve, les mesures qui permettent au personnel soignant et médico-social de faire garder leurs enfants pour assurer leurs missions ne sont, pour l’heure, pas applicables à ces professionnels de la protection de l’enfance. Ils sont pourtant en première ligne pour assurer la qualité de l’accompagnement et la sécurité des enfants protégés, qu’ils soient en institution ou en famille d’accueil. Une incohérence qui touche un autre point sensible : l’information aux usagers. Le risque ? Que l’angoisse, à l’image du virus, devienne elle aussi contagieuse. Et que des inégalités de traitement apparaissent sur le territoire. Un sentiment d’isolement est déjà palpable chez certains professionnels. En souffrance sur le terrain depuis des années pour nombre d’entre eux, ils se seraient bien volontiers passés de cette immense épreuve. Tout comme les plus fragiles de notre société, dont ils s’occupent, ils méritent d’être davantage protégés.

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