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« L’accueil de nuit n’est pas une simple garderie »

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En 2017, l’Ehpad La Madeleine, situé à Bergerac (Dordogne), a créé le premier accueil de nuit en France. Objectifs : « fournir du répit aux aidants » et « apporter un cadre sécurisé à des personnes âgées en quête de réassurance la nuit ». Explications de Sylvain Connangle, directeur de l’établissement.
En quoi consiste l’accueil de nuit ?

Ce service de six places s’adresse aux personnes âgées vivant à domicile. Elles viennent le soir vers 16 h 30 et repartent le lendemain vers 9 h-9 h 30. Cet accueil de nuit, nouvellement baptisé « Du jour au lendemain », permet aux aidants de souffler et aux résidents de retrouver une vie sociale. Ce dispositif fait suite à un appel à projets de l’agence régionale de santé (ARS) de la région Nouvelle-Aquitaine « Ehpad centre de ressources » en 2017. Il s’inscrit dans une logique de diversification de l’offre de services de l’établissement,qui compte déjà un accueil de jour, une plateforme de répit, un pôle d’activités et de soins adaptés (Pasa), une unité d’hébergement renforcée (UHR), une plateforme de télémédecine, une consultation « mémoire ». Le tarif est de 35 € et comprend le transport, l’accueil du soir, le repas, la nuit, la toilette, le petit-déjeuner. Le conseil général de la Dordogne a accepté de donner 27,11 € pour chaque nuitée dans le cadre du plan « allocation personnalisée d’autonomie (APA) domicile ».

Quelles sont les situations qui déclenchent le recours à ce service ?

Ce dispositif s’inscrit dans le cadre d’un parcours de santé. Il ne s’agit pas d’un « one shot », comme si la personne âgée allait coucher à l’hôtel quelque part. Il y a toute une trajectoire intelligente par rapport aux autres partenaires. Les prescripteurs peuvent être les plateformes de répit, les services d’aide et d’accompagnement à domicile et de soins infirmiers à domicile (Saad et Ssiad), les médecins traitants, les accueils de jour, les centres communaux d’action sociale, les infirmiers libéraux… Les cas de figure à l’origine de l’accueil sont très nombreux : épuisement ou hospitalisation de l’aidant, départ en vacances du voisin qui « dépannait » la nuit, nécessité de réadapter le logement avant un retour d’hospitalisation de la personne âgée. Nous avons même eu le cas d’une personne qui avait peur la nuit à la suite d’un cambriolage. A la différence de l’accueil de jour, les personnes accueillies ne sont pas limitées à celles présentant des troubles du type Alzheimer.

Comment s’organise cet accompagnement nocturne ?

L’accueil de nuit n’est pas immergé dans l’établissement, c’est un secteur à part, un projet à part, du personnel à part. Le personnel ne porte pas de blouse, il y a de la musique, des activités de soirée, des tablettes de stimulation cognitive, du taï-chi-chuan… Bien plus qu’une nuit et loin d’être une simple garderie, il s’agit d’un moment privilégié pour être rassuré, retrouver du lien social, repérer les fragilités au niveau nutritionnel tant pour l’aidant que pour l’aidé. C’est également un lieu de pédagogie à la santé pour l’aidant. Des ateliers et des groupes de parole sont organisés pour leur expliquer le comportement à avoir quand il y a des crises aiguës, leur donner des conseils sur la prévention des chutes, sur l’incontinence, la nutrition, le maintien du lien social, des clés pour apprendre à éviter l’épuisement. Depuis l’ouverture il y a trois ans, les résultats sont extrêmement positifs. Le fait que les personnes âgées aient envie de revenir après une première nuit, c’est déjà le signe que l’on a gagné.

C’est donc un moyen de redynamiser le maintien à domicile de la personne âgée ?

Plus l’Ehpad intervient à domicile, plus il permet à la personne âgée de rester chez elle. Pour beaucoup d’aidants, sans l’accueil de nuit, leur proche serait déjà en Ehpad ou ils seraient eux-mêmes tombés en dépression. La caisse nationale de solidarité pour l’autonomie a d’ailleurs cité ce service dans sa note prospective sur l’approche domiciliaire.

Repères

Sylvain Connangle dirige, depuis 2005, l’Ehpad privé non lucratif La Madeleine à Bergerac (Dordogne), géré par la congrégation des Sœurs de Sainte-Marthe. L’établissement accueille jusqu’à 250 résidents.

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