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Cachez ce vieux que je ne saurais voir

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Les étiquettes sont à la mode. Le problème ? elles collent à la peau. Troisième âge, quatrième âge, personnes dépendantes, aînés, Alzheimer, ou encore seniors cibles de la silver économie… Les personnes âgées collectionnent les appellations, qui les classent dans une catégorie ou une autre. Le mot « vieux » a quasiment disparu du vocabulaire, politiquement incorrect tant il est teinté de rejet, de précarité, de finitude, de mort… C’est ce phénomène, particulièrement prégnant, qu’ont analysé plusieurs chercheurs dans ce livre. Interrogation centrale : Les vieux sont-ils forcément fragiles et vulnérables ? La réponse est « non », et plutôt cinglante de la part des auteurs, qui voient dans ce catalogage une discrimination. « On peut tous être fragile et vulnérable à un moment de notre vie, ce n’est pas pour autant qu’il faut nous stigmatiser ou nous mettre sous cloche. Les vieux doivent pouvoir vivre à leur manière », affirme Colette Eynard, gérontologue sociale et coordonnatrice de l’ouvrage. Pour autant, que révèlent toutes ces notions de la société ? Que disait-on des personnes âgées dans le passé ? Comment vivre quand on est à la fois âgé et handicapé, âgé et immigré, âgé et sans domicile ? Fabrique-t-on une population d’assistés, assignés à un espace contraint ? Sans compter qu’il est une fragilité d’une autre nature : celle des professionnels qui accompagnent les personnes âgées et qui ne travaillent pas avec des tableaux Excel mais avec de l’humain aux multiples réactions, face auxquelles la technologie, le savoir biomédical et la logique comptable ne peuvent pas grand-chose. Mais que l’on ne s’y trompe pas : rien de tout cela n’est dû au hasard : « L’âge est une donnée biologique socialement manipulée et manipulable », a écrit le sociologue Pierre Bourdieu. Ce qui est vrai pour les personnes âgées l’est d’ailleurs pour d’autres classes d’âge. Ce n’est pas une raison de ne pas y réfléchir. Car, on l’aura compris, « la catégorie protège ceux qui n’en font pas partie ou qui pensent ne pas être obligés d’y entrer ».

Notes

« Les vieux sont-ils forcément fragiles et vulnérables ? » – Sous la direction de Colette Eynard – Ed. érès, 19,50 €.

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