« SOS Villages d’enfants, qui accompagne depuis plus de soixante ans des fratries, salue l’annonce par Adrien Taquet, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, de la création de 600 nouvelles places d’accueil pour répondre aux besoins spécifiques des enfants placés dans le cas des fratries d’ici 2022.
Cette décision nous encourage à poursuivre nos actions et à accompagner les départements dans leurs réflexions et projets pour l’accueil des fratries dans un cadre de vie de type familial. Elle nous invite à réaffirmer nos positions et à rappeler le long combat collectif qu’il reste à mener pour changer concrètement le quotidien des fratries accueillies en protection de l’enfance.
Nous souhaitons réaffirmer ce qui constitue un droit autant qu’un véritable levier de résilience pour les enfants : une enfance partagée avec leurs frères et sœurs pendant le placement permet d’éviter aux enfants le traumatisme d’une séparation de plus.
Malheureusement, la France ne dispose toujours pas de données sur la situation des fratries accompagnées, et nous ne pouvons que constater la rareté des lieux pouvant les accueillir.
Il convient donc de déployer des efforts pour garantir l’existence dans chaque territoire d’un panel de solutions qui répondent à ce besoin.
Pour autant, la fratrie n’est pas un dogme. Nous savons que les violences et vulnérabilités intrafamiliales ont des conséquences sur chacun des membres d’une fratrie. Elles peuvent être délétères pour l’enfant qui souffre comme pour celui qui fait souffrir. Comprendre la nature des liens, de la dynamique fraternelle est une exigence pour accompagner ces relations, favoriser leurs évolutions jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte.
Une autre conviction forte ne nous a jamais quittés : tout enfant a besoin de liens d’attachement pour grandir et devenir un adulte épanoui. Les enfants accueillis doivent pouvoir nouer des relations d’attachement dans la durée, avec des adultes, des professionnels qui assurent une présence et une permanence à leurs côtés, et grâce à qui ils peuvent reconstruire des repères affectifs et éducatifs stables. Cet engagement au quotidien participe de la confiance, de la réassurance et de l’affection nécessaires à tout enfant et plus encore à ceux qui doivent se reconstruire dans un nouvel environnement. Chaque enfant doit pouvoir bénéficier d’un accompagnement attentif et personnalisé dispensé par une équipe pluridisciplinaire (psychologues, éducateurs, animateurs…) et formée.
La volonté affichée par Adrien Taquet de favoriser la création de nouveaux villages d’enfants nous paraît donc intéressante, elle reconnaît l’importance des liens d’attachement tant au sein de la fratrie qu’avec les professionnels accompagnant les enfants.
Ensemble, nous pouvons relever le défi. Aussi, nous souhaitons que les contrats proposés à 30 départements soient une opportunité pour amorcer une amélioration de la situation. Car une incitation puissante et collective reste nécessaire pour :
• encourager chaque territoire à proposer une offre diversifiée de prise en charge dans laquelle l’accueil conjoint et le partage de la vie quotidienne en fratrie doivent avoir une place importante ;
• évaluer, au moment de la décision de placement, l’adéquation de la prise en charge proposée à chaque enfant, y compris sous l’angle de la question de la fratrie ;
• développer l’expertise des acteurs de la protection de l’enfance en matière d’accompagnement des liens de fratrie tant dans le cadre du placement que dans celui du retour en famille ou de l’accompagnement en milieu ouvert ;
• penser la stabilité des parcours en termes de maintien et d’accompagnement des liens pendant le placement et au-delà. »
Contact :