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Coronavirus : l’inquiétude et le mépris

« Nous avons quatre patients confinés depuis ce matin, et déjà plus aucun masque. » « Ce résident présente des symptômes suspects et caractéristique mais sa famille est quand même venue célébrer son anniversaire. » « Je vais rencontrer des patients fragiles chez eux. Mais on ne m’a fourni aucune protection, malgré mes demandes répétées. » Des témoignages similaires, nous en recevons chaque jour un peu plus aux ASH. Ils sont en provenance de région parisienne, de la Côte d’Azur, du Grand Est ou de Bretagne.

Ils traduisent une angoisse, sourde, qui monte lentement et sûrement. Face à la progression du coronavirus, les personnels des Ehpad, y compris ceux chargés des tâches administratives, mais aussi les intervenants à domicile, se sentent démunis, voire abandonnés.

L’arrivée du Covid-19 laisse présager « une hécatombe » dans les structures gériatriques, affirme ce chef d’établissement qui, à l’instar de nombre de ses consœurs et confrères, tente de prendre des mesures élémentaires : consignes renforcées de désinfection des portes et des poignées, mise à disposition de bidons de solution hydroalcoolique, confinement des résidents potentiellement atteints par ce coronavirus et strictes limitations des visites. Des mesures qui apparaissent à ces responsables comme un maigre pis-aller, alors qu’ils craignent un passage imminent de l’épidémie au stade 3 (voir ce numéro page 20).

Malgré une réunion qui s’est tenue le 3 mars dernier au ministère de la Santé avec les représentants des secteurs social et médico-social, ils sont nombreux à déplorer une forme d’abandon, voire de mépris de la part du gouvernement. Si les organisations syndicales ont pour le moment refusé de polémiquer, le ressentiment est palpable. Les directeurs d’établissement réclament la rapide mise en place d’une doctrine nationale dédiée, permettant en particulier une sécurisation de l’approvisionnement nécessaire. Un premier pas en ce sens a été franchi avec la publication d’un décret prévoyant la fourniture de protections respiratoires jusqu’au 31 mai de manière prioritaire.

Du côté des salariés de terrain, un sujet est de moins en moins tabou : celui du droit de retrait. Un spectre agité pour susciter une réaction du côté des autorités de santé, mais qui a peu de chance de se matérialiser. Après la canicule de l’été dernier et les habituelles épidémies de grippe saisonnière, l’abnégation de ceux qui prennent soin de nos aînés est une nouvelle fois testée, sans moyens supplémentaires. Le manque de professionnels est particulièrement décrié en situation de crise. Une fois la menace éloignée, il nous faudra – collectivement – ne pas l’oublier.

Éditorial

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