Fin 2019, l’agence régionale de santé (ARS) a présenté aux directions des centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) de la région Nouvelle-Aquitaine un « cahier des charges régional » imposant « un repositionnement » du CMPP vers « un fonctionnement en plateforme ressource médico-sociale pour la prise en charge des enfants avec des troubles neuro-développementaux ». Et ce dans un délai de neuf mois. « Le repositionnement de l’offre doit conduire les CMPP à accroître leur degré d’expertise en matière de troubles du neurodéveloppement », précise le document. L’absence de mise en conformité des CMPP aux évolutions attendues pourrait conduire à une remise en cause des autorisations, avertit l’ARS.
Ce repositionnement suscite la grogne des professionnels. Début février, un Collectif interprofessionnel médico-social de Nouvelle-Aquitaine (CIPMSNA) a vu le jour et une manifestation est prévue le 13 mars devant les locaux de l’ARS à Bordeaux. Pour rappel, la région Nouvelle-Aquitaine compte 29 centres médico-psycho-pédagogiques et 46 antennes répartis dans les 12 départements de la région. Tous sont gérés par des associations à l’exception du CMPP de Mont-de-Marsan et de ses trois antennes, gérés par une collectivité territoriale.
L’association des psychiatres de secteur infanto-juvénile (API) critique cette volonté de « concentrer les pratiques des CMPP sur l’évaluation et le traitement ciblé des troubles dits “TND” ». Elle considère que cette priorisation aura pour conséquence « de réduire quantitativement les possibilités de soins des enfants souffrant de troubles non répertoriés “TND”, alors même que le manque de moyens en pédopsychiatrie en France est criant ».
« Dans ce cahier des charges, il est indiqué que la majorité des enfants qui seront suivis devront relever des TND. Que faisons-nous pour les autres enfants et leurs familles ? Le secteur privé est déjà complètement saturé. Quant au secteur public, sa situation n’est pas meilleure. Ces dispositions posent un grave problème de santé publique et mettent à mal la cohésion sociale. Nombre d’enfants et de familles que nous recevons, et qui ne relèvent pas des TND, sont dans une grande précarité sociale ; leur conseiller d’aller consulter dans le privé est d’un irréalisme qui interroge. Il en va de même pour les enfants accompagnés par l’aide sociale à l’enfance et qui consultent pour des troubles qui, le plus souvent, ne relèvent pas des TND », a alerté, le 13 février, Patrick Belamich, président de la Fédération des CMPP.