30 JUIN 1975, 11 FÉVRIER 2005, 22 JANVIER 2020. A trois reprises, le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) aura, directement ou indirectement, marqué de son empreinte la société française et, par extension, la vision que celle-ci a du monde du handicap. Non pas qu’il ait fallu partir d’une feuille blanche pour dessiner les différentes orientations en la matière, mais, au milieu des années 1970, il n’y avait ni ministre des personnes en situation de handicap, ni secrétaire d’Etat, comme c’est le cas aujourd’hui. Voilà pourquoi la loi d’orientation du 30 juin 1975, qui a reconnu les droits des personnes handicapées dans la société, apparaît comme un marqueur essentiel de l’évolution des mentalités. Quelques mois plus tard, c’est l’assemblée générale de l’Organisation des Nations unies qui a adopté la Déclaration sur les droits des personnes handicapées. A l’époque, comme le CNCPH aime à le rappeler, la composition de l’institution incluait « les principales associations représentatives des personnes handicapées et des parents d’enfants handicapés ».
Trente ans plus tard, la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a offert la possibilité au CNCPH d’évaluer la situation des personnes handicapées et de proposer des actions au Parlement et au gouvernement. Une loi qui prend enfin en compte les quatre familles de handicap : moteur, sensoriel, cognitif, psychique et également les personnes à mobilité réduite. Presque quinze ans après, le 22 janvier 2020, ce n’est plus une évolution mais presque une mini-révolution que connaît le CNCPH avec la nomination à sa tête de Jérémie Boroy, ce sourd de naissance devenant la première personne en situation de handicap à occuper le poste.
L’institution se veut « à l’image de la société française en réunissant la plus grande partie des acteurs de la politique du handicap : associations de personnes et de parents d’enfants handicapés, organismes gestionnaires d’établissements et de services spécialisés, syndicats de salariés et d’employeurs, collectivités locales (régions, départements et communes), parlementaires, organismes de protection sociale, structures d’études et de recherche… ». Une société au sein de laquelle les personnes handicapées ont des devoirs mais aussi des droits en tant que citoyen, la création de la commission « territoires et citoyenneté » au sein du CNCPH étant là pour le rappeler. François Hollande a été président du CNCPH au début des années 1990. Moins de trente ans après, l’élection de Jérémie Boroy à la tête de l’organisme d’Etat signifie-t-elle que le (vrai) changement, c’est maintenant ?
• 2020-2023 : durée de la mandature actuelle.
• 160 membres répartis en six collèges.
• 9 commissions thématiques qui se réunissent au moins une fois par mois.
Jérémie Boroy a été nommé à ce poste le 22 janvier 2020. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (2002), il a été assistant parlementaire à l’Assemblée nationale de 1999 à 2007. Il intègre SFR en 2008 pour coordonner la politique de non-discrimination et d’égalité des chances, avant d’être promu directeur des relations régionales de l’opérateur dans le Sud-Ouest en 2010. En 2011, il crée Aditevent, première entreprise dédiée à l’accessibilité des événements, tout en gérant la politique « handicap » de Sciences-Po Paris. De mars 2013 à septembre 2014, il a été conseiller chargé de l’accessibilité et de la jeunesse auprès de la ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l’exclusion, puis de la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées. En 2015, Jérémie Boroy s’associe avec Axel Cavaleri pour fonder la société Les Ateliers de l’accessibilité puis l’agence Aditcom. En 2018, il est désigné président de l’Unisda, qui fédère les principales associations de personnes sourdes ou malentendantes en France, fonction qu’il avait déjà occupée de 2004 à 2010.