Depuis toujours, Laura aime la littérature érotique. Naturiste et bisexuelle, elle s’intéresse de longue date à tout ce qui concerne la sexualité. Et elle se dit « militante ». Son engagement, en 2016, dans une formation pour devenir assistante sexuelle résulte d’un savant dosage entre ces différentes facettes de sa personnalité.
Elle a été convaincue par le sérieux de la formation. Il y a d’abord eu des échanges écrits avec le formateur, puis un week-end préliminaire au cours duquel une première approche corporelle et une séance de massage collective ont été proposées : « Pour les formateurs, il est crucial de voir comment nous nous comportons. Ils peuvent ainsi repérer parmi les candidats ceux et celles qu’ils auraient à exclure du cursus. Et les candidats, eux, peuvent s’assurer qu’ils sont en mesure de poursuivre. » Ce premier pas franchi, les enseignements se sont étalés sur près d’un an et demi, le temps de week-ends. Pour être certifiés, les apprenants doivent, à l’issue, réaliser un premier accompagnement. Une fois reconnus, ils bénéficient de temps de supervision, pour demeurer en mesure de rester dans le cadre et pour échanger sur leur vécu. Le conjoint de Laura, qui travaille sous ce pseudonyme, a accepté cette démarche, nombre de ses proches la connaissent. Mais pas ses deux enfants. A ses yeux, ce qui caractérise la relation entre l’assistante et la personne accompagnée tient à une « réciprocité » et à du « respect » : « La sexualité, on la parle et on la pense avant de l’envisager », précise-t-elle. L’occasion, aussi, de poser ses limites : elle réserve certaines pratiques à sa vie privée, à son couple. Il s’agit aussi de définir un cadre affectif limité : « Ces accompagnements demandent beaucoup d’investissement, et il faut faire preuve d’une grande fiabilité auprès des personnes qui nous sollicitent, qui sont souvent très seules. Elles demandent avant tout à être câlinées, prises dans les bras, bref un accompagnement d’abord d’ordre affectif. » Aussi n’accepte-t-elle pas plus d’un ou deux accompagnements par mois, principalement de personnes porteuses d’un handicap physique ou d’un polyhandicap. Mais il arrive aussi que des hommes déficients intellectuels bénéficient de tels accompagnements, parfois à la demande de leur famille.
Oui, la prestation est tarifée 150 €. Mais Laura balaie un argument des opposants à cette pratique : « Je n’ai pas du tout l’impression de me prostituer. C’est même un acte antiprostitutionnel puisque l’affectif est accueilli. » Pour autant, elle dit assumer le caractère illégal de cette pratique, voilà où se niche son caractère militant… « Il faut que la société en débatte. Oui, les choses prennent du temps, mais je pense qu’elles vont au rythme qu’il faut, celui d’un débat de fond. » Elle espère que la pratique deviendra légale en France, comme elle l’est dans certains pays voisins. En attendant, ce sont les personnes handicapées qui les sollicitent qui, clientes, pourraient être inquiétées, pas leurs assistants.