SDF : au-delà des chiffres

Qui sont les personnes qui dorment dehors ? Combien sont-elles ? Y a-t-il une différence entre un sans-abri et un sans-domicile fixe (SDF) ? « Les sans-abri sont les plus visibles, au vu et au su de tous les autres habitants et passants, tout au long de la journée […]. Ils constituent la figure iconique des SDF. S’ils sont les plus clairement repérables dans l’espace public, ils ne sont pas les plus nombreux des sans-domicile. Bien loin de là. L’image habituelle fonctionne parfaitement : les sans-abri incarnent la partie émergée de l’iceberg de l’ensemble des problèmes de logement et de pauvreté », écrit Julien Damon, ex-président de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, conseiller national de l’Ecole nationale supérieure de sécurité sociale. Des vagabonds américains et des sans-abri anglais de Jack London aux campements de migrants, en passant par les politiques publiques mises en place, l’auteur de Qui dort dehors ? rappelle que la quantification des SDF reste difficile, surtout quand elle se veut nationale comme en France. En la matière, en effet, le sujet est d’abord local : « Il importe davantage de savoir combien de personnes sont dans cette situation dans chacune des grandes métropoles et à l’échelle nationale. C’est à la fois plus réaliste et plus utile. » Chaque année, la France dépense 3 milliards d’euros pour tenter d’apporter des solutions aux personnes à la rue. Avec un écueil : pendant longtemps, les mesures ont davantage misé sur l’hébergement que sur le logement stable et l’autonomie. Expérimentée avec succès en Finlande, une autre stratégie – « Logement d’abord » – a été portée en 2008, mais les résultats peinent à arriver, le recours aux hébergements et aux hôtels ne cessant d’augmenter. L’objectif « zéro SDF » demeurera-t-il un slogan électoral consensuel et, pour le moins, cynique ? A moins de reconsidérer la situation. C’est ce que propose Julien Damon, non sans quelques provocations qui risquent de faire grincer des dents…