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« Démontrer que les personnes âgées ne sont pas un poids »

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délégué général du Réseau Francophone des Villes Amies des Aînés (RFVAA)
Dans une société de plus en plus inclusive, la parole des acteurs du médico-social est loin d’être prise en compte dans les politiques publiques qui les concernent. Pourquoi ?

Qu’il s’agisse des seniors, des personnes en situation de handicap ou des enfants, les situations sont extrêmement différentes. Selon moi, l’erreur est d’ailleurs de vouloir englober tout le monde. L’enfant est dans une découverte de la vie et un apprentissage de sa décision, de sa citoyenneté. Il a même le droit de se tromper et de revenir en arrière. Les personnes en situation de handicap, très souvent, sont dans un rapport à la réparation ou à la compensation, que la société leur devrait au nom d’une forme de solidarité. Les personnes âgées sont, quant à elles, dans un devenir imprécis, dans le sens où leur issue sera toujours la mort. Les perspectives de décision de ces trois groupes ne peuvent donc pas être les mêmes. Il ne peut pas y avoir une manière globale de les aborder.

Dès lors, que faire pour les personnes âgées ?

Il faut arriver à démontrer qu’elles ne sont pas un poids pour la société, qu’elles ont des choses à apporter. Ce qui leur permettra de concevoir qu’il y a des avantages et des inconvénients à vieillir. J’insiste, mais si on continue de penser que les personnes âgées sont un poids et un coût pour la société, qu’elles coûtent cher de leur retraite à leur mort, on n’y arrivera pas. C’est là tout le défi de la prévention et de l’anticipation. On peut ainsi voir les choses sous ces deux angles bien distincts. Par exemple, on peut considérer qu’il vaut mieux déconseiller à une personne âgée de vivre au troisième étage d’un immeuble sans ascenseur. Car le jour où elle a un pépin, la situation sera compliquée. Mais, à l’inverse, on peut estimer que c’est bon pour elle de monter des escaliers…

Un exemple type : l’APA est distribuée en fonction des besoins de la personne âgée, et non de ses désirs…

Et entre désirs et besoins il y a une énorme différence ! Lors de la première visite de l’agent départemental, de nombreuses personnes âgées affirment n’avoir besoin de rien. Doit-on pour autant les croire ? La question se pose. D’autant que derrière ce « je n’ai besoin de rien », il y a des problématiques bien différentes. Cela peut être « je ne veux pas que l’on entre chez moi », ou « je ne connais pas les personnes qui vont venir », ou « je n’accepte pas de décliner et donc je ne veux pas vieillir ». Cela peut aussi être « c’est à mes enfants de le faire, donc je ne vois pas pourquoi un professionnel viendrait chez moi »…

Mais ne faut-il pas juste entendre « je n’ai besoin de rien » et accepter cette décision ?

Encore une fois, tout dépend de la raison de ce refus. Cela peut aussi être parce qu’elle ne connaît pas la personne qui vient lui poser la question et qu’elle n’a pas envie de lui dire. C’est peut-être aussi parce qu’il y a d’autres personnes présentes et qu’elle ne veut pas le dire en face d’elles. J’ai dirigé des services de travailleurs sociaux qui instruisaient l’APA. Je vois bien la complexité que cela représente. Pour que cela fonctionne, il faut construire un parcours relationnel. Cela fait partie d’un environnement. Pareil pour le salarié aide à domicile : dans quelle mesure doit-il prendre en compte la parole de la personne âgée ? ou alors doit-il partir du principe que, en tant que professionnel, il sait mieux ce qui est bon pour celle-ci ? C’est toute la problématique. C’est en permanence un compromis, une discussion entre les deux. C’est pour cela que cela s’appelle « aide à domicile » et non « femme de ménage ». Parfois, il vaut mieux passer trente minutes à discuter ou sortir avec la personne âgée que faire le ménage. Si c’est plus important d’agir comme cela, à ce moment-là, cela sera bénéfique sur le long terme. La vraie question est de savoir si l’on a des professionnels formés à cela, rémunérés à la hauteur de cela, pour développer des compétences relationnelles et plus seulement techniques. La réponse est non.

Du coup, faut-il mieux former les personnels ?

Je pense que les contenus des formations sont bons, mais qu’il faut avant tout arrêter de payer les aides à domicile à l’heure. Il faut faire en sorte que le temps de prise en charge, les temps d’accompagnement, de soutien, d’évaluation, d’analyse de la pratique… soient pris en considération dans le coût global du financement de l’aide à domicile. Cela permettrait de faire du gagnant-gagnant. Les échanges, la partie relationnelle, permettent à tout le monde d’être satisfait. La personne âgée se sentira concernée et considérée. Et l’aide à domicile aura l’impression de faire un travail en profondeur, de voir son travail valorisé.

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