C’est un constat unanime. Tous les porteurs de projets présents déplorent un cruel manque de financements. Un état de fait formulé lors de cette journée de séminaire national de Baluchon France. Chacune des dix structures présentes espèrent prochainement pouvoir mettre en œuvre le baluchonnage(1) en son sein. Rachel Petitprez, directrice de Baluchon France, a analysé dans le détail leur situation pour en tirer des conclusions et en diffuser la synthèse. Par exemple, si tous les porteurs de projets ont fait une demande de financement auprès de leur conseil départemental, ils n’ont pas tous eu un retour positif.
Plus précisément, seulement trois structures bénéficieront, dans les prochaines semaines, d’une subvention annuelle. Un conseil départemental le fera à hauteur de 30 000 €, un autre de 60 000 € et le dernier pour un montant encore inconnu à ce jour. « Sachant qu’avec 30 000 €, on finance une grosse quinzaine de baluchonnages », précise Rachel Petitprez. Et d’ajouter : « C’est un peu triste que seulement trois porteurs de projets sur dix soient financés. Pour une expérimentation lancée au niveau national par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie [CNSA], c’est en effet dommage qu’il n’y ait pas eu davantage de suivi de la part des conseils départementaux. »
Au niveau des caisses de retraite, les porteurs de projets ont eu plus de succès. Pour sept des dix structures, d’une façon ou d’une autre, il y aura un financement. Elles ont aussi fait appel, avec plus ou moins de succès, à des mutuelles, des fondations ou leur agence régionale de santé. Certaines d’entre elles ont décidé de puiser dans leurs fonds propres. Autre ressource : le financement direct de la CNSA, une aide octroyée pour l’ingénierie et l’évaluation de cette expérimentation. Elle est de 24 000 à 150 000 € selon les porteurs, pour un total de 622 000 €. « Dans le détail, une structure reçoit 24 000 €, quatre recevront 30 000 €, une 48 000 €, deux 90 000 €, une 100 000 € et une dernière 150 000 € », renseigne Rachel Petitprez. « L’enveloppe globale de la CNSA à l’échelle nationale était de 3 millions d’euros. Il y avait donc de vrais financements, qui auraient pu être extrêmement intéressants si les possibilités de dépenses avaient été beaucoup plus larges », déplore Esther Schindler, responsable « services et soins aux seniors » à l’ADMR (aide à domicile en milieu rural).
Plus largement, les porteurs de projets font face à d’importantes difficultés pour financer cette expérimentation. Or, sans cela, point de baluchonnage possible. Car, comme l’indique Marie-Pascale Mongaux, directrice du service de baluchonnage « Parenthèse à domicile »(2), « le coût moyen d’un baluchonnage est de 650 € pour 24 heures ». Et d’ajouter que « pour des questions de qualité et de sécurité, il ne faut pas descendre en dessous ». De plus, selon elle, « le reste à charge acceptable se situe entre 50 et 100 € par 24 heures ». Reste donc 550 € à trouver. Ce qui, on l’a vu, est loin d’être évident. A ce jour, aucun des dix porteurs conventionnés présents lors du séminaire n’a pu démarrer les prestations de suppléance de l’aidant. Dit autrement, « sur les trois années prévues d’expérimentation, après un an, aucune prestation n’a été mise en place », regrette Rachel Petitprez. Cependant, les porteurs de projets demeurent optimistes. Entre deux et 52 baluchonnages, par structure, sont espérés pour l’année 2020.