En novembre 1990, la mobilisation des prostituées de la rue Saint-Denis, à Paris, contre l’épidémie de sida, dont elles sont parmi les victimes les plus exposées, donne lieu à la création du Bus des femmes par le ministre de la Santé de l’époque, Claude Evin. Une initiative de santé communautaire, la première du genre en France, qui vise à prévenir la transmission du virus et à rendre compte des conditions d’exercice de la prostitution. Le bus est né de l’évaluation des besoins des femmes à travers les lettres qu’elles ont écrites et qui ont été consignées dans des cahiers de confidences. Quelques-unes sont publiées dans ce document (commenté notamment par la sociologue Anne Coppel), qui témoigne d’une expérience d’empowerment bien avant l’heure : des femmes de la rue se sont prises en main et ont contribué à rendre leurs paroles, jusque-là passées sous silence, visibles. Un exemple reproductible, même s’il ne dit pas combien d’entre elles ont pu sortir de la prostitution et/ou de la toxicomanie…
« Le bus des femmes prostituées, histoire d’une mobilisation » – Anne Coppel, avec Malika Amaouche et Lydia Braggiotti – Ed. Anamosa, 20 €.