Quinze ans presque jour pour jour après la promulgation de la loi « handicap » du 11 février 2005, le constat dressé par APF France handicap est sans appel : 9 personnes sur 10 éprouvent des difficultés d’accessibilité lors de leurs déplacements. Une enquête en ligne, réalisée avec le concours de l’Institut français d’opinion publique (Ifop) du 30 septembre au 30 décembre 2019, établie à partir du ressenti de 12 000 personnes, révèle des difficultés majeures. Une problématique qui ne se résume pas au seul handicap. Si les personnes en situation de handicap font davantage état de difficultés (67 %), 33 % de personnes valides, parmi lesquelles des personnes âgées, enceintes, se déplaçant avec une poussette ou amenées à porter des objets lourds, sont confrontées au quotidien à des difficultés pour se déplacer ou accéder à une infrastructure publique ou privée.
« Panne d’ascenseur, rampe d’accès inexistante, manque de moyens de transport ou moyens de transport inaccessibles, détériorés ou trop anciens, coût élevé, trottoirs encombrés ou non adaptés aux piétons. Malgré trois lois en matière d’accessibilité depuis 1975, la France accuse un retard énorme dans ce domaine », affirme APF France handicap dans son rapport. Principaux points noirs : l’accessibilité de la voirie et l’accès aux transports, insatisfaisants pour 72 % des personnes interrogées. En milieu rural, l’absence de moyens de transport adaptés peut même conduire, selon le rapport, à un clivage territorial marqué, voire à un sentiment d’abandon.
Les difficultés se poursuivent dans les espaces publics et privés ou les lieux dédiés à la santé. Si les pharmacies obtiennent un très bon taux de satisfaction (81 %), les cabinets paramédicaux et médicaux, en particulier ceux des médecins spécialistes, suscitent en revanche des appréciations plus mitigées. L’accès est complexe, voire impossible, faute de dispositifs adaptés pour 52 % des personnes se déplaçant en béquilles ou en fauteuil roulant. Côté commerces de proximité : les personnes estiment difficile à 55 % l’accès aux bars, restaurants et boutiques. A l’inverse, les mairies s’en sortent le moins mal, avec 61 % de satisfaction. Ils sont ainsi 6 sur 10 répondants à juger les démarches en mairie aisées ; ce qui n’est toutefois pas vrai pour les démarches en ligne au travers desquelles 50 % des personnes ayant une déficience visuelle éprouvent des difficultés pour se repérer. Les structures accueillant les enfants jusqu’aux études supérieures ne jouent, également, pas toujours le jeu. Les plus mauvais élèves ? Les universités et les lieux de formation dont l’accès est jugé malaisé. Enfin, le logement est également loin d’offrir les conditions optimales d’accessibilité à ses habitants, puisque 59 % des répondants et 67 % des personnes en situation de handicap ont du mal à trouver un toit adapté (plain-pied, ascenseur…).