Recevoir la newsletter

Violences contre les enfants : les chiffres qui blessent

Article réservé aux abonnés

L’électrochoc provoqué ces dernières semaines par l’affaire Matzneff révèle une réalité : les violences faites aux enfants et le silence qui les entoure. Etat des lieux chiffré de la situation.

A l’intérieur de la famille, au sein de l’école, dans les lieux de culte, les violences physiques ou psychologiques dont sont victimes les mineurs peuvent prendre plusieurs formes dans divers endroits. L’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE) souligne notamment que 80 infanticides par violences intrafamiliales ont été commis en 2018, soit 13 de plus qu’en 2017. Pour expliquer ce chiffre pas encore rendu public, l’ONPE émet l’hypothèse « d’un meilleur repérage de ces situations et une orientation plus fréquente vers les services judiciaires, le syndrome du bébé secoué passe par exemple moins pour une mort subite du nourrisson car il est mieux diagnostiqué ».

Taux de victimisation plus élevé chez les filles

En attendant les chiffres-clés de la protection de l’enfance prévus fin janvier, l’ONPE, en collaboration avec le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), rappelle « qu’en 2017, les forces de sécurité ont enregistré 22 000 mineurs victimes de violences sexuelles dont 8 000 viols ». Près de 80 % étaient des filles et le taux de victimisation était « plus de deux fois plus élevé pour les filles de moins de 12 ans et sept fois plus élevé à l’adolescence ».

Dans l’enquête Ipsos conduite du 10 au 18 septembre 2019 pour l’association Mémoire traumatique et victimologie, il ressort également que « 130 000 filles et 35 000 garçons sont victimes de viol chaque année en France, et que 4 millions de français déclarent avoir été victimes d’inceste ». Muriel Salmona, psychiatre-psychotraumatologue et présidente de l’association, affirme aussi que « 10 % des enfants subissent du harcèlement scolaire ». Attentive aux nouvelles formes de violences apparues ces dernières années avec le développement d’Internet et se basant sur la consultation Unicef de 2018, la psychiatre précise également qu’entre « 20 à 24 % des adolescentes ont été confrontées au cyberharcèlement sexuel ».

Derrière les chiffres, il y a des êtres… et des dispositifs pour la prise en charge des victimes. Muriel Salmona annonce par exemple que pour « les cinq centres supplémentaires évoqués du 20 novembre dernier dans le deuxième plan de lutte contre les violences faites aux enfants, ce sont les unités médico-judiciaires pédiatriques avec l’association La Voix de l’enfant qui sont privilégiés ». Regrettant « de ne pas avoir obtenu des référents spécifiques dans les hôpitaux pour les violences faites aux enfants », la psychiatre-psychotraumatologue ajoute que le rôle sera théoriquement dévolu « à ceux qui s’occupent des violences faites aux femmes » et qu’Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé « souhaiterait développer les services d’accueil aux urgences spécifiques pour les violences faites aux enfants ».

La conséquence directe est la libération de la parole, comme le prouvent les 4 200 réponses reçues par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) depuis le lancement de son appel à témoignages le 3 juin 2019. La Ciase révèle qu’elle a fait appel à la fédération France Victimes pour les services d’écoute et d’accompagnement aux victimes. Sa mission étant aussi de dresser un état des lieux et d’établir des recommandations pour éviter que les faits ne se reproduisent, la Commission doit remettre son rapport à la Conférence des évêques de France au cours du premier semestre 2021.

Ce dispositif d’aide aux victimes s’applique aussi aux coupables. Adrien Taquet a d’ailleurs mentionné l’expérimentation du numéro unique (0 806 23 10 63), qu’il a soutenu, et qui permet « aux personnes attirées par les enfants d’être aidées et orientées ». Depuis l’apparition du numéro en novembre, six sites pilotes (Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Auvergne, Paca, Centre et Aquitaine) ont été mis en place. Mais pour gagner en efficacité, Anne-Hélène Moncany, la présidente de la Fédération française des centres ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (FFCRIAVS) explique que « ces dispositifs doivent concerner tout le territoire ».

Focus

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur