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« Il faut que notre expertise soit reconnue »

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Président de la Fédération nationale des associations d’aides-soignants
Comment analysez-vous le malaise des aides-soignants dans le secteur de la dépendance ?

Il est difficile d’identifier le point de départ du mouvement, d’autant que cela fait des décennies que nous faisons part de la situation difficile dans les Ehpad. Quoi qu’il en soit, comme nous prenons de plus en plus en compte la question du mal-être des résidents, cela fait aussi remonter les problèmes des personnels. De ce point de vue, les lignes sont en train de bouger. En tant qu’aides-soignants, nous avons longtemps cru que nous n’avions pas le droit de prendre la parole, mais aujourd’hui une faille s’est ouverte et un trop-plein s’exprime. Le travail est pénible. Les aides-soignants sont confrontés à des demandes croissantes, tant du côté des familles que du côté des directions. Or, la surcharge de travail à laquelle nous faisons face ne nous permet pas toujours de répondre à ces exigences. Tout cela remonte aujourd’hui et il faut pouvoir en parler. C’est pourquoi, même si nous n’y prenons pas part publiquement, nous soutenons les mouvements de grève qui ont eu lieu depuis 2017.

Car c’est le travail d’aide-soignant(e) qui est touché, autant dans le privé que dans le public. On manque de monde dans les services, c’est ce qui remonte constamment. Depuis des années, on a construit des structures énormes, avec plus d’une centaine de lits, mais la question des effectifs n’est pas assez anticipée. Il faut mieux répartir les résidents. Lorsqu’il y a un manque de personnel, cela se ressent plus que dans une structure familiale où l’on a davantage de visibilité. Dans certains endroits, on ne voit plus le bout du couloir… On dérive alors vers de l’hôtellerie-soin, ce qui nous dérange.

Le gouvernement est-il à l’écoute de la profession ?

Il y a eu un signal d’écoute avec les rapports « Libault » et « El Khomri ». On ne parle plus que des médecins et des infirmiers. Désormais, on aborde directement l’attractivité de la profession d’aide-soignant et on commence à réfléchir aux solutions pour répondre aux difficultés de recrutement. C’est un premier pas positif. Mais il faut aller plus loin. Si nous sommes bien conscients qu’il n’est pas possible de changer les choses du jour au lendemain, il faut que cet effort perdure dans le temps. On sait que ce ne sera pas simple car il faut pouvoir se concerter avec les autres professions pour qu’aucune d’entre elles ne soit lésée.

Quelles sont les demandes des aides-soignants aujourd’hui ?

Ce qui est attendu depuis longtemps, c’est de voir notre expertise et notre travail au quotidien reconnus. Nous demandons à avoir un rôle propre, car au-delà de l’hygiène, nous travaillons sur l’autonomie du patient. La réingénierie de la formation des aides-soignants, qui est en cours, va permettre de prendre en compte certains des actes que nous effectuons. Mais nous aimerions que tous les gestes que l’on fait au quotidien soient reconnus et qu’il y ait un suivi au long cours. Aujourd’hui, c’est le médecin qui oriente les soins. Les aides-soignants sont les derniers à être écoutés. C’est pourquoi nous sommes favorables au développement de postes d’aides-soignants coordonnateurs pour responsabiliser les échelons intermédiaires. Un aide-soignant doit pouvoir entrer directement en deuxième année de formation d’infirmier plutôt que de reprendre le cursus à partir de la première année. Notre expérience sur le terrain nous le permettrait.

La possibilité d’exercer en libéral fait-elle aussi partie des revendications ?

Cela fait des années que les aides-soignants demandent à avoir la possibilité d’exercer en libéral. Il y a eu plusieurs propositions de loi dans le passé, qui n’ont jamais abouti. Le rapport de Myriam El Khomri propose d’ouvrir ce statut aux aides-soignants, mais seulement à partir de dix ans d’expérience en structure, dans des régions sous-dotées et en expérimentation. Pour nous, il faut assouplir ces critères car l’activité en libéral ouvre aux aides-soignants une perspective d’évolution professionnelle et une vision d’ensemble sur leur travail. Cela leur offrirait davantage d’autonomie, de revenus, voire la possibilité d’améliorer leurs conditions de travail. Il va falloir également s’atteler aux salaires afin d’attirer des candidats. Le gouvernement a accordé une prime de 100 € net mensuels pour les aides-soignants exerçant aux urgences. Aujourd’hui, dans les Ehpad, il existe une prime d’assistant de soins en gérontologie. Mais le problème est que même des aides-soignants ayant la formation requise n’ont pas pu en bénéficier. Au global, dans les Ehpad et autres services, il faudrait 200 € ou 300 € de plus par mois.

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