L’évaluation des besoins des aidants est aujourd’hui repérée comme une question essentielle et la nécessité de disposer de concepts et d’outils pour la traiter est reconnue. Cependant, il n’existe que très peu de grilles d’évaluation des besoins qui soient dédiées aux aidants. Partant du constat que les outils d’évaluation multidimensionnelle déjà existants prennent insuffisamment en compte les besoins spécifiques des proches aidants, Sébastien Gand, Léonie Henant, tous deux chargés de recherche au Centre de gestion scientifique de Mines Paris Tech et de Sciences Po/CNRS, et Jean-Claude Sardas, professeur à Mines Paris Tech et chercheur, proposent un outil baptisé Diga pour « dynamique identitaire globale de l’aidant »(1). Ce modèle s’efforce de prendre en compte toutes les dimensions et leur évolution dans le temps, d’où son caractère global et dynamique. En quoi la situation de l’aidant est globalement « tenable » ou au contraire « non assumable » ? Quelles sont la ou les causes principales qui expliquent cette situation ? Selon quel enchaînement et avec quels risques de déstabilisation ?
L’outil Diga analyse la situation de l’aidant (et les risques de déstabilisation) en décomposant la question de la soutenabilité de son rôle selon quatre dimensions : cognitif (la capacité de l’aidant à maîtriser intellectuellement son rôle), physiologique (la capacité physique objective de l’aidant à jouer son rôle (levage, toilette…), relationnel (la capacité d’action objective de l’aidant vis-à-vis de l’aidé et des autres acteurs présents dans l’environnement), le subjectif. « Chaque dimension intègre la personne aidée et les difficultés spécifiques que son comportement pose à l’aidant. Cela signifie que le rôle d’aidant ne peut pas être appréhendé de façon générique pour organiser un plan d’aide aux aidants, même pour une population donnée », soulignent les auteurs. Enfin, la présence d’autres ressources apportant de l’aide au proche aidant ou à la personne aidée est également prise en considération pour évaluer la situation sur chaque dimension. « Le modèle de la Diga propose quatre dimensions non seulement pour faire le tour de la situation de l’aidant, mais surtout pour mettre en évidence les sources ou le petit nombre de sources des problèmes. »
(1) « Aider les proches aidants. Comprendre les besoins et organiser les services sur les territoires »,Sébastien Gand, Léonie Hénaut, Jean-Claude Sardas – Presse des Mines.