Recevoir la newsletter

« Un contre-sens, une erreur politique majeure »

Article réservé aux abonnés

cofondateur de l’association Article 1 et porte-parole du mouvement Les Pélicans
Le mouvement spontané de dirigeants associatifs Les Pélicans s’est mobilisé contre la réforme du mécénat… Une bataille perdue ?

Cette réforme du mécénat a été portée par un discours toxique qui a abîmé l’idée du don en faisant croire que les grandes entreprises les plus fortunées gagnaient en donnant. La France a besoin de réconciliation, de dons. A l’heure où le pays connaît des tensions sociales très fortes, ce type de discours ne fait que les attiser. Ce qui se joue avec le mécénat n’est pas un problème de riches mais un problème de pauvres, car, au final, ce sont les plus démunis qui seront impactés, via les associations d’intérêt général qui leur viennent en aide. Ne pas encourager davantage les riches, les grandes entreprises à donner pour des causes justes est un contre-sens, une erreur politique majeure. Cette mesure est totalement contre-productive. Elle va enrichir les riches et appauvrir les pauvres. Bercy a vu l’opportunité de taper dans ce qu’il qualifie de « niche fiscale ». Or 1 € public investi dans le mécénat d’entreprise est égal à 4 € mobilisés pour l’intérêt général : éducation, insertion, planète, culture, justice, santé, sport… Si le gouvernement veut faire des économies intelligentes, ce n’est pas par le mécénat d’entreprise qu’il faut commencer.

Les dons aux associations couverts par la loi « Coluche » ne sont pas concernés par cette réforme…

Nous sommes contre la hiérarchisation des causes. Le gouvernement a joué sur la hiérarchisation des émotions dans sa communication car il ne voulait pas avoir contre lui les Restos du cœur, la Croix-Rouge… Certaines de ces associations se sont mobilisées à nos côtés par solidarité car il y a un effet de ras-le-bol très clair. Il y a urgence pour le gouvernement à se réconcilier avec le monde associatif, qui se sent méprisé.

Vous craignez une chute des dons. Quel impact sur les finances des associations ?

Cette réforme du mécénat est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Cela arrive après d’autres coupes budgétaires et une asphyxie financière qui dure depuis longtemps. Il y a eu un manque de compréhension de l’impact de cette mesure sur un secteur associatif déjà fragilisé et qui innerve énormément la société française. Après avoir réduit massivement les subventions publiques aux associations (– 40 % depuis 2005), après avoir réduit très fortement les contrats aidés, après la baisse des dons des particuliers consécutive à la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), le gouvernement s’attaque à la dernière ressource qu’il reste, le mécénat d’entreprise. Avec cette baisse de toutes les sources de financement, des associations meurent. En outre, de plus en plus d’associations deviennent des prestataires de service public. Ce mouvement n’est pas en soi complètement contestable car il a permis aux associations d’évoluer, de transformer leur modèle, mais il y a avec ce changement profond une privatisation larvée du monde associatif, une forme de dénaturation.

Une réforme du dispositif actuel du mécénat est-elle nécessaire ?

Le mécénat est à la fois une dépense privée et une dépense publique. Si on veut restaurer la confiance qui a été abîmée à la fois par la façon dont ont été interprétés les dons pour la restauration de la cathédrale Notre-Dame et par le discours du gouvernement, il faut plus de transparence. Qui donne ? et combien ? Dans les rapports d’activité des entreprises, on sait si les conseils d’administration sont mixtes ou pas, on connaît la rémunération des dirigeants. Pourquoi le mécénat n’y figurerait pas ? Ce serait une grande avancée, cela créerait une mouvement d’émulation et valoriserait le don. Cette transparence serait le moyen de redynamiser l’image, la dynamique et le flux des dons. L’autre piste à explorer est celle du mécénat de compétences et du don. Il existe des abus sur le premier, mais beaucoup moins sur le second. Par ailleurs, en moyenne, quand on interroge les associations, les dons en ressources répondent plus à leurs besoins. Il serait donc intéressant d’étudier s’il ne faut pas une incitation différente sur les dons plutôt qu’une incitation fiscale sur le mécénat de compétences. Le rapport des députées Sarah El Haïry et Naïma Moutchou [sur l’évolution du cadre de la philanthropie en France, attendu pour janvier 2020, ndlr] sera l’occasion d’avoir une tribune, une nouvelle opportunité d’agir.

L’événement

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur