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« La confiance est un lien indispensable au don »

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A l’instar de nombreux événements, le colloque « Générosité, cultivons la confiance », prévu pour le 12 décembre, a été reporté au 20 avril. Il s’agissait pour l’organisme de contrôle Don en confiance, qui intervient auprès de 91 associations et fondations, de revenir notamment sur le baromètre de confiance qui a été publié en octobre dernier.
Dans le cadre de votre observatoire du Don en confiance, vous avez pour la 12e année consécutive fait réaliser, par Viavoice, un baromètre de la confiance. Qu’en est-il ressorti ?

Nous notons que la confiance des Français envers les associations et les fondations est remarquablement stable, c’est le même chiffre année après année, de l’ordre de 55 %. Dans le cadre de ce baromètre, nous interrogeons également les Français sur leur confiance envers les politiques, les médias, les entreprises et les syndicats. Nous voyons ainsi que nous sommes dans un environnement dans lequel la confiance est fluctuante, nous sommes plutôt dans une société marquée par la défiance. Prenant en considération ce contexte, le fait que le chiffre reste stable est un élément fort, cela signifie que les associations et les fondations restent un point de repère important pour les Français.

Un taux de confiance de 55 %, est-il suffisant ?

C’est un taux important mais il est vrai que nous pouvons toujours espérer plus. Il y a néanmoins un élément notable dans ce baromètre qui est que les jeunes ont plus confiance envers les associations et les fondations que leurs aînés, c’est un marqueur intéressant. Cependant, il est vrai que certains Français déclarent qu’ils n’ont pas confiance et nous les avons interrogés sur les raisons de leur défiance. Il en ressort qu’un tiers des Français ont un doute sur la destination des dons. Ils se demandent ainsi si l’argent va bien à la cause qu’ils souhaitent défendre. La deuxième raison, qui concerne également près d’un tiers des personnes interrogées, vise les arnaques et les détournements : les Français se demandent si leurs dons ne servent pas à des intérêts particuliers. Les scandales du passés, qui ont à l’époque entaché le secteur associatif et les fondations, font encore beaucoup de tort, c’est resté fortement ancré dans la conscience collective. D’ailleurs, si les jeunes ont plus confiance, c’est probablement parce qu’ils n’ont pas entendu parler de ces scandales ; chez les jeunes, le taux de confiance est de 60 %.

Quels sont les outils qui pourraient faire évoluer à la hausse ce taux de confiance, que vous dites indispensable aux dons ?

Il y a deux piliers pour établir la confiance : le contrôle et la transparence. Par conséquent, les éléments qui rassurent les personnes sont les organismes de contrôle qui veillent à ce que l’argent aille bien à la cause énoncée dans l’appel aux dons. La transparence des associations est également un élément fort de réassurance, notamment avec le fait de bien communiquer avec les donateurs. Il faut aussi prendre en considération que la confiance est liée à la vision du monde des personnes. Si elles sont bien engagées et investies dans la société, elles ont confiance ; en revanche, celles qui ont des doutes d’une manière générale sur la société sont plus défiantes.

Don en confiance fête ses 30 ans cette année. Que faites-vous à votre niveau pour agir sur ce taux de confiance ?

Notre mission est d’élaborer des règles de déontologie et de s’assurer qu’elles soient respectées en faisant un contrôle continu des associations et des fondations qui sont volontaires pour respecter cette chartre. Celle-ci repose sur quatre principes forts : le respect du donateur, la recherche d’efficacité, la probité des intéressements, c’est-à-dire l’action pour l’intérêt collectif et non pour un intérêt particulier, et la transparence. Sur ce dernier point, la transparence doit s’accompagner de pédagogie. Nous demandons à toutes les associations labellisées de produire un document d’information à destination des donateurs, celui-ci devant rendre compte de l’essentiel des informations de l’année, notamment les informations financières. Nous considérons que mettre à disposition des comptes c’est important certes, car le grand public doit y avoir accès, mais cela ne peut pas se résumer à cela. Quand les personnes ne sont pas spécialistes, un bilan et un compte de résultat et, plus encore, un compte d’emploi des ressources, qui est la spécificité du secteur, ne sont pas des documents faciles à comprendre ; cela doit donc s’accompagner d’explications et de pédagogie. Pour nous, la transparence repose sur ce fondement car des informations sans explications cela peut aboutir à des contresens. Certains peuvent avoir des questions sur une transparence à tout prix. Mais savoir que les informations sont disponibles, cela rassure les donateurs.

Don en confiance est un organisme de contrôle, mais votre label repose-t-il seulement sur une adhésion ?

Non, c’est une démarche très exigeante pour les organisations qui s’engagent dans cette labellisation au bénéfice de l’intérêt collectif. Aujourd’hui, 91 associations et fondations sont labellisées, elles représentent 1 600 entités juridiques sur tout le territoire et un tiers de la générosité, on contrôle ainsi un tiers des dons. Pour être labellisées, elles doivent faire la démarche et ensuite un contrôleur va s’assurer qu’elles répondent à toutes nos exigences qui sont au nombre d’une cinquantaine de règles. C’est seulement si nous considérons que les éléments de confiance sont constitués que nous leur délivrons le label. Mais cela ne s’arrête pas là, c’est une démarche de progrès permanent. Ce label est renouvelé tous les trois ans avec un rapport intermédiaire annuel qui fait état de l’avancement des progrès ou de possibles changements afin de s’assurer que le label est toujours mérité, il peut d’ailleurs être retiré à tout moment. Don en confiance, c’est une centaine de contrôleurs, indépendants des organisations. Ce sont souvent des anciens dirigeants ou hauts fonctionnaires qui sont formés à nos techniques, ce sont eux qui jugent de l’exemplarité des organisations labellisées.

Transparence et contrôle, certes, mais faut-il encore que les donateurs aient conscience que les associations et fondations sont soumises à un contrôle des dons ?

Effectivement, aujourd’hui, ce qui aiderait les Français à avoir confiance n’est pas d’ajouter des contrôles mais de faire savoir qu’ils existent, comme ceux de la Cour des comptes, ceux des associations et des fondations qui ont des commissaires aux comptes, et puis il y a, pour celles qui sont volontaires, le travail de prévention permanent que nous menons. S’il a pu y avoir des scandales de détournement de fonds dans des associations il y a 30 ans, qui ont affecté durablement la confiance des Français, force est de constater que depuis il n’y en a pas eu. Le travail que nous menons n’y est pas étranger, nous sommes dans la prévention auprès des associations labellisées mais aussi auprès de tout le secteur parce que nos exigences deviennent des références. C’est une mesure de progrès de prévention des risques pour les organisations. De plus, mieux elles agissent sur ces points de contrôle et de transparence, mieux elles fonctionnent. Plus elles se mettent en conformité avec nos règles, plus elles s’éloignent d’un risque de dérive. Mais attention, il ne s’agit pas seulement de parler des bilans financiers et de les expliquer, nous avons également des exigences sur la gouvernance et la gestion. Il est important de savoir qui est au conseil d’administration, comment s’organise la gouvernance, ce n’est pas neutre. Notre charte est exigeante, mais nous sommes convaincus que s’y conformer, c’est déjà mieux fonctionner et être davantage au service de ses missions sociales pour les associations et les fondations. Il s’agit pour nous de favoriser l’engagement citoyen.

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