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« Nous sommes sur un dispositif d’hébergement sous-doté et trompeur »

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Les mesures annoncées pour lutter contre les violences conjugales sont-elles à la hauteur de vos attentes ?

La réponse est insuffisante même si elle permet un certain nombre d’avancées, notamment sur la question de la formation des policiers, des juges, des professionnels de santé ou encore dans l’Education nationale. En revanche, sur l’hébergement et l’accompagnement des victimes, on est en deçà de ce que l’on aurait souhaité.

La charte de meilleure coopération entre les services intégrés d’accueil et d’orientation (Siao) et le 3919, qui va être mise en place, peut contribuer à l’amélioration de la réponse, notamment par l’identification d’un point de contact spécifique et par une ligne directe entre le 3919 et le 115. Mais nous regrettons que cette charte n’intègre pas de moyens pour former les écoutants du 115 alors qu’il est important de pouvoir détecter une situation potentielle de violence. De plus, la dernière question, qui est la plus importante, est que nous aurons beau avoir tous les bons outils de coordination, si, à la fin, il n’y a pas assez de places de qualité pour héberger les personnes en grande urgence et en grand danger, cela ne résoudra pas le problème.

Pourtant, le Premier ministre a confirmé la création de 1 000 nouvelles solutions d’hébergement d’ici janvier prochain…

Dans l’absolu, c’est bien, mais dans le détail, nous ne sommes pas sur un dispositif qualitatif. Dans ces 1 000 places, il y a 250 places d’urgence, elles sont sous-financées, avec un coût de 25 € par jour et par personne, ce qui est très faible. Cela ne permet pas de répondre au cahier des charges demandé avec de l’hébergement collectif qui respecte l’intimité et la vie familiale et un accompagnement spécifique, en non-mixité et sécurisé. Nous le déplorons car cela ne va pas permettre de créer des places de qualité et encore moins de nouvelles structures. Les associations risquent de ne pas pouvoir accompagner les victimes à la hauteur de leurs besoins.

Concernant les 750 places restantes, elles correspondent à de l’allocation de logement temporaire (ALT), d’un montant d’environ 300 € mensuels. Ce dispositif ne pourra donc bénéficier qu’à des femmes ayant des revenus, et en situation régulière. Cette mesure ne prévoit pas d’accompagnement. Par conséquent, c’est un dispositif sous-doté et trompeur sur la manière dont il est annoncé, car, en réalité, 250 places sous-financées sont créées et les 750 autres correspondent à des ALT, qui ne sont pas adaptées à des publics traumatisés qui ont besoin d’un accompagnement spécifique pour se détacher de l’emprise, pour travailler sur ce trauma, être accompagné à la parentalité avec des enfants eux aussi meurtris. Les femmes victimes ont aussi besoin de travailler sur leur réinsertion car souvent les conjoints violents les isolent, cela fait partie de la stratégie d’emprise. Autant de problématiques qu’il faut pouvoir travailler avec ces femmes mais, aujourd’hui, les financements qui sont octroyés ne le permettent pas. Cela va donc rester à la charge des associations qui ne peuvent déjà pas faire face aux besoins.

Pour vous, y a-t-il également un oubli important dans ce plan ?

Aucune attention particulière n’a été portée aux femmes étrangères. C’est regrettable. Elles sont encore plus vulnérables parce que, bien souvent, leur titre de séjour est lié à leur mari du fait du regroupement familial. Dès lors qu’elles quittent le domicile conjugal, ce titre ne tient plus. Les procédures de régularisation sont extrêmement compliquées et longues, ce qui empêche ces femmes de se réinsérer et de sortir de l’emprise de leur ex-conjoint.

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