Il y a effectivement des initiatives qui prennent aux quatre coins de la France. Des projets très différents, avec plus ou moins de vie collective. Entre les formules qui privilégient un habitat individuel, comme HandiToit Provence ou le GIHP (Groupement pour l’insertion des personnes handicapées physiques) et les communautés, à l’instar de l’Arche, il existe aussi des solutions intermédiaires, à l’image de la colocation par exemple. Il faut encourager la multiplicité des lieux de vie pour que chaque personne puisse trouver sur son territoire un endroit qui convient à ses besoins et ses aspirations. Nous avons une opportunité de diversification qu’il ne faut pas manquer. Cela veut dire qu’il faut être capable de déconstruire l’organisation actuelle et d’avoir une conception beaucoup plus sociale du handicap, qui ne renvoie pas uniquement aux symptômes.
La loi a eu le mérite de mettre le terme d’« habitat inclusif » au centre du débat public. La définition, telle qu’elle est donnée, me semble toutefois un peu restrictive puisqu’elle est envisagée comme un regroupement de logements avec un lieu commun et une animation de la vie sociale et partagée. Ce qui est loin de recouvrir toutes les formules d’habitats. Il faut laisser la possibilité aux personnes elles-mêmes, aux associations de parents, aux bailleurs sociaux, aux collectivités locales de s’exprimer. Il faut initier des lieux de mise en discussion entre l’ensemble des acteurs. J’applaudis l’initiative de la Loire-Atlantique qui vient de lancer son propre observatoire de l’habitat inclusif, ou le département du Loiret qui, après concertation auprès des acteurs concernés, a établi un référentiel recensant toutes les formes d’habitat inclusif du territoire. Peu importe la forme, l’essentiel est d’instituer des espaces collaboratifs, permettant d’identifier les freins au développement, trouver des solutions collectives, et de partager les bonnes pratiques.
De toute évidence, la pratique n’est pas la même au sein d’un établissement qu’à l’extérieur. Or, pour repenser les pratiques, il faut du temps, des moyens et des compétences. Côté formation, on peut citer le CREAI IDF qui expérimente actuellement une formation à destination des professionnels du médico-social pour ceux qui aspirent à devenir des accompagnateurs de projet habitat. Autre facteur de qualité : un encadrement des services à domicile, apte à proposer des temps d’analyse des pratiques. Et je doute que le niveau de financement actuel des services d’aide à domicile et d’accompagnement soit suffisant pour réunir toutes ces conditions.
L’adoption de la loi « Elan » en novembre 2018 a ouvert la voie à une transformation des manières d’habiter des personnes en situation de handicap ou âgées. Elle offre une réponse complémentaire au logement ordinaire et à l’hébergement en institution, permettant de combiner vie autonome et sécurisation de l’environnement. Sur le terrain, l’habitat inclusif se concrétise, avec une forte disparité selon les départements.
Le département de Loire-Atlantique vient d’annoncer le financement de 172 nouvelles solutions d’habitat à l’horizon 2023. Ailleurs en France, le territoire de Belfort, la Manche ou encore le département du Nord, pour ne citer qu’eux, se sont également engagés dans une réflexion pour mieux appréhender cette question.