La formation se déroule sur deux jours, pendant lesquels les professionnels, par groupe de 10-15 personnes, réfléchissent et définissent ce qu’est la sexualité des personnes âgées, tant sur le plan biologique que psychologique. Par exemple, nous les interrogeons sur ce qu’est une pulsion, l’intimité, le désir, l’image de soi ou encore la passion. Mais nous menons aussi une réflexion sur les aspects sociaux de la sexualité en les questionnant sur les stéréotypes sociaux qui interviennent dans la sexualité, sur la place de l’homme et de la femme, sur ce que nous entendons par « déviance » et « normalité »…
Il existe aussi une autre partie sur la sexualité et le vieillissement. Le but de ce module est de faire connaître les conséquences physiologiques du vieillissement sur la sexualité (le vieillissement des organes génitaux masculins et féminins en l’occurrence) et les conséquences psychologiques du vieillissement sur le désir.
L’enjeu de cette partie est d’étudier auprès des soignants les différents blocages qui peuvent exister vis-à-vis de la sexualité. Concrètement, les soignants interviennent quotidiennement sur le corps des résidents et sont amenés à réaliser des actes de soins ou d’hygiène très intimes (voir un corps nu, toucher les parties génitales d’un homme, d’une femme).
Ces situations de soins impliquent un certain rapport au corps qui se veut médical et en quelque sorte « désexué ». Les réactions ou attitudes de certains résidents (l’érection d’un homme pendant la toilette, une femme qui demande à ce qu’on frotte plus longuement ses parties génitales) vont rompre cette relation « désexuée » et faire surgir la sexualité dans un contexte inattendu. Notre formation permet aux soignants d’évoquer leur point de vue au sujet de ces situations délicates et d’échanger sur les réactions appropriées à adopter en pareil cas.
Nous n’intervenons jamais auprès des résidents. C’est une ligne rouge que nous ne franchissons pas. Ce n’est pas notre rôle. Nous respectons leur intimité. En effet, je ne pense pas que ceux-ci aimeraient par exemple parler de leur masturbation devant un groupe. C’est un sujet extrêmement intime. Pour nous, l’enjeu est à la fois de proposer des solutions concrètes à des situations mais aussi de poser, avec les soignants, un cadre de réflexion qui permettra de faire face aux situations futures. Plus qu’un catalogue de choses à faire et à ne pas faire, il nous paraît plus pertinent d’accompagner les professionnels dans une démarche de réflexion sous-tendue par des concepts tels que la liberté du résident, son intimité, la vie collective, le consentement…
Oui, la génération des soixante-huitards a effectivement une sexualité plus ouverte, plus active. Il y a moins de tabous. Les soignants font preuve de beaucoup plus de bienveillance à ce sujet. Je n’ai jamais été confronté à des soignants qui étaient dans une opposition totale. D’une manière générale, les représentations vis-à-vis des personnes âgées, et de la sexualité en particulier, évoluent positivement. Nous sommes dans une plus grande liberté, dans le respect de l’intimité, des pratiques, à l’écoute, à la recherche de confort vis-à-vis du résident. Là où les mentalités évoluent beaucoup plus difficilement, c’est chez les familles. Quand vous apprenez que votre mère, malade d’Alzheimer, a un amant dans une unité fermée, il est légitime que cette situation soit très difficile à admettre…
Vincent Meillarec Gérontopsychologue formateur/ créateur et gérant d’Idéage Formation (centre de formations spécialisé en gériatrie et gérontologie). L’une de ses formations, dispensées aux personnels d’établissements, s’intitule « Sexualité des personnes âgées ».
(1) « Intimité et sexualité des résidents en Ehpad ».