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Difficile d’avoir une sexualité quand on est résident Alzheimer

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La maladie d’Alzheimer, en raison de sa médiatisation importante ces dernières années, fait de moins en moins peur. Pour autant, cette pathologie n’est pas encore totalement apprivoisée par la société. Preuve en est, encore plus que pour une personne âgée lambda, dans l’imaginaire collectif, la vie sexuelle de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer est impensable. Une inconcevabilité qui n’est pas sans conséquence. « Le fait d’avoir été diagnostiqué Alzheimer fait que d’emblée la sexualité de ces personnes court le risque d’être discréditée, d’être contrôlée, voire empêchée », déplore ainsi la psychologue clinicienne Lorraine Ory, dont la thèse de doctorat était « Maladie d’Alzheimer et sexualité : scripts et représentations des familles et du personnel soignant ». Mais, au-delà d’être déconsidérée, la sexualité d’un patient Alzheimer pose le problème du consentement mutuel. Sujet vaste et compliqué que les professionnels ont extrêmement de mal à aborder. Ce qui n’est, encore une fois, pas sans conséquence. « Penser la sexualité de ces personnes uniquement sous l’angle des problèmes de consentement contribue à la ranger du côté des relations abusives, anormales, criminalisées, condamne Lorraine Ory. La prévention d’un problème de consentement est utilisée pour justifier une intervention de contrôle et de limitation par les professionnels de santé. » Et celle-ci de donner un exemple : « Un aide-soignant m’a racontée avoir surpris deux résidents en plein acte. Sa première réaction a été de se dire qu’il y avait un problème de consentement, car la femme était atteinte d’aphasie. Le couple a donc été immédiatement séparé. Or, en interrogeant ensuite la femme, il s’avère qu’elle était consentante. » Cela prouve bien la complexité de la chose. Les professionnels agissent au nom du consentement, tout en entravant pour se faire la liberté des résidents.

Mais, malgré tout, la sexualité s’exprime. Alors, une fois que le consentement est avéré, comment les établissements gèrent-ils la situation ? Là encore les professionnels ne sont que très peu formés. Il n’existe pas vraiment de solutions miracles. C’est plus au fur et à mesure de l’expérience professionnelle que les soignants trouvent des réponses. Mais celles-ci demeurent du bricolage et surtout du cas par cas. Toutefois, les équipes sont obligées de surveiller la vie affective et sexuelle d’un résident Alzheimer. « Ce qui est contraire aux principes de liberté encore une fois, regrette Lorraine Ory. Mais la volonté de prévenir le moindre problème est si forte que les professionnels préfèrent surveiller à outrance. Ils ont tellement peur d’être mis en accusation en cas de problème qu’ils en viennent à rogner la liberté des résidents. » Pour autant, les malades d’Alzheimer ont le droit à une vie sexuelle comme tout le monde. Or, trop les surveiller peut parfois empêcher cette vie sexuelle d’avoir lieu. Un dilemme cornélien donc…

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