Près de 123 000 salariés en situation de handicap, âgés en moyenne de 39 ans, exercent une activité professionnelle dans l’un des 1 279 établissements et services d’aide par le travail (Esat). Développés en France depuis une quarantaine d’années, ils représentent, à l’heure de la société inclusive, un défi humain, social et économique. Mais sont-ils bien adaptés aux nouveaux enjeux du monde du travail, favorisent-ils vraiment l’inclusion, faut-il redéfinir leurs missions, répondent-ils aux attentes et aux besoins des personnes handicapées ? A ces interrogations s’en ajoute une autre : celle de leur légitimité dans un contexte de chômage élevé. Selon Gérard Zribi, fondateur de l’Association nationale des directeurs et cadres d’Esat (Andicat) et directeur général de l’Afaser, association gestionnaire d’établissements et de services sociaux et médico-sociaux, certains se demandent même « pourquoi créer des solutions à caractère professionnel pour les personnes handicapées alors que de nombreuses personnes valides sont dépourvues d’emploi » … L’objectif de son livre est de présenter un état des lieux très documenté mais également critique du travail protégé, de proposer un enrichissement de leurs prestations et de définir des pistes pour l’avenir. Parmi les constats, le fait que les Esat comptent de plus en plus de travailleurs vieillissants (21 % ont plus de 50 ans), l’insuffisance de ressources des travailleurs handicapés. La rémunération garantie à laquelle s’ajoute l’allocation aux adultes handicapés se situe dans une fourchette comprise entre 88 % et 92 % du Smic. Difficile, dans ces conditions, de financer un loyer. Avoir un logement personnel fait pourtant partie du processus d’inclusion sociale. Autre point : le coût. La tentation semble forte pour les pouvoirs publics de faire dépendre le financement des Esat du taux d’inclusion en milieu ordinaire. Ce qui les pousserait à sélectionner les travailleurs handicapés en fonction de leurs capacités et non de leurs besoins, et ce qui éliminerait d’emblée les plus en difficulté.
« L’avenir du travail protégé » – Gérard Zribi – Ed. Presses de l’EHESP, 25 €.