« Confrontés aux effets déjà présents et futurs de la double transition démographique et épidémiologique des maladies et à la hausse significative du nombre de personnes âgées dépendantes, notre système de santé et notre système de protection sociale doivent nécessairement s’adapter afin d’apporter les réponses les plus appropriées aux enjeux éthiques de l’avancée en âge », explique le professeur Claude Jeandel, président du Conseil national professionnel (CNP) de gériatrie. C’est pourquoi ce conseil vient de publier un manifeste dans lequel il développe quinze mesures visant à améliorer la prise en charge des personnes âgées. Le manifeste a pour but de « contribuer à enrichir et à renforcer les mesures énoncées dans les rapports de Dominique Libault et Myriam El Khomri ». Concrètement, il se divise en quatre axes dont le premier consiste à « adapter les métiers du soin et le nombre de professionnels aux enjeux de l’avancée en âge ». Celui-ci contient quatre mesures telles que « promouvoir la découverte de la gériatrie dans les formations ». Il s’agit de généraliser, dans les cinq années à venir, la pratique d’un stage en gériatrie pendant le diplôme de formation approfondie en sciences médicales (DFASM). Autre mesure forte : « Promouvoir la spécialisation en gériatrie des professionnels paramédicaux. » Ce qui passe, entre autres, par la reconnaissance par décret du métier d’infirmier en pratique avancée (IPA) en gériatrie.
Le deuxième axe consiste à « identifier et prévenir les risques de décompensation et de situations de crise chez les plus de 75 ans à risque de perte d’autonomie ou dépendants » et ce, en ville comme à domicile. Cela suppose notamment d’« externaliser les équipes mobiles de gériatrie (EMG) afin qu’elles puissent intervenir au domicile et en Ehpad dès lors qu’une expertise gériatrique est indiquée, et ce jusqu’à ce que la compétence gériatrique communautaire ait atteint un degré de développement suffisant ». Le troisième axe vise à « personnaliser, en établissement de santé, l’accueil des patients âgés dépendants relevant d’une hospitalisation non programmée et réduire les risques des dépendances acquises lors d’une hospitalisation ». Le dernier axe invite à « réunir, en Ehpad, les conditions d’une prise en soin adaptée à la complexité des situations rencontrées ». Pour ce faire, il conviendra de fusionner la tarification des sections « soins » et « dépendance ».