De plus en plus d’étrangers sont suivis par le Secours catholique en raison du « durcissement de la politique d’accueil », observe l’association dans son rapport annuel sur l’état de la pauvreté en France. En 2018, 43 % des personnes reçues par l’association étaient étrangères, dont des sans-papiers, une proportion qui augmente continuellement depuis 2016, avec trois points de plus en moyenne chaque année. Cette hausse s’explique en partie par la « nette précarisation de leur statut légal et socio-économique, souvent liée à une absence de ressources et de droits reconnus ». Pour la plupart, « les ressources se limitent souvent à la faible allocation aux demandeurs d’asile (Ada) ». Parmi ces étrangers, 40 % sont des hommes seuls et 60 % ont moins de 40 ans, soit un âge bien inférieur à celui de la population française accueillie par l’association. La population étrangère aidée par le Secours catholique se féminise par ailleurs « durablement » car « la migration concerne de plus en plus de femmes et d’enfants, notamment via le regroupement familial, mais également via la migration de familles entières et de femmes de manière autonome ». Près de six ménages sans papiers sur dix accueillis sont des familles avec enfants. L’augmentation de la part des familles est particulièrement marquée parmi les ménages originaires du Maghreb et d’Europe de l’Est. Ces nouveaux arrivants viennent plus souvent accompagnés d’enfants qu’au cours des précédentes périodes.
L’association rapporte aussi que trois étrangers accueillis sur quatre, arrivés en France depuis moins de deux ans, sont « sans statut légal stable ». Près de 20 % des étrangers présents en France depuis plus de dix ans demeurent toujours sans ressources (contre 6 % des Français) et 70 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté extrême. « Ces disparités tiennent en grande partie à un accès au marché du travail qui reste dégradé chez les étrangers et à un niveau de prestations sociales globalement plus faible », ainsi qu’au « durcissement de la politique d’accueil des étrangers aux situations et statut légaux les plus fragiles ». Par ailleurs, la part des personnes étrangères rencontrées qui n’ont pas le droit de travail a fortement augmenté, atteignant 44 % chez les femmes et 48 % chez les hommes. Parmi elles, 40,2 % sont dans cette situation depuis plus de deux ans, soit 15 points de plus qu’en 2010.