« Du côté des politiques publiques d’accompagnement social comme de celui des initiatives privées, on constate l’essor de modes d’intervention plus informels et plus participatifs, avec parfois un effacement délibéré de la “distance” traditionnelle entre professionnel et usager. Aux antipodes d’un guichet administratif, l’accompagnement s’établit sous la forme d’une relation horizontale et conviviale où les personnes accueillies ne se sont pas mises en position de demandeuses, voire participent activement à l’action » , souligne Bénédicte Jacquey-Vazquez, inspectrice générale des affaires sociales, dans son rapport sur l’accompagnement social. Action éducative en milieu ouvert d’un « nouveau genre », les services d’accueil de jour (SAJ) et de soutien à la parentalité Du Breuil, à Bondy (Seine-Saint-Denis), s’inscrivent dans cette logique. Ils proposent un accueil collectif à 35 familles, incluant parents et enfants de 0 à 6 ans, dans des lieux de réassurance, de soutien à la fonction parentale, et dans une approche de coconstruction entre les différents acteurs.
« Ces approches redessinent en partie les modalités de l’accompagnement social, dans la mesure où elles prennent clairement appui sur le collectif et s’affranchissent des logiques sectorielles par dispositif, poursuit Bénédicte Jacquey-Vazquez. Elles invitent aussi les travailleurs sociaux à une position de maïeutique plus que de diagnostic et à endosser une acception ouverte de la distance professionnelle. Enfin, l’empowerment qui est au cœur de ces approches transgresse les frontières entre accompagnement, recherche-action et développement social, et, ce faisant, il redonne une actualité et une vitalité à l’ambition émancipatrice initiale du travail social. »
Le « croisement des savoirs », développé en France à l’initiative d’ATD quart monde, ou encore l’approche DPA (« développement du pouvoir d’agir »), inspirée par Yann Le Bossé, professeur à l’université de Laval, au Québec, s’inscrivent dans cette optique de renforcer la capacité des personnes à agir sur leur environnement. Les projets « Famille gouvernante » développés par les unions départementales des associations familiales (Udaf) permettent l’installation en colocation, dans des appartements partagés, de plusieurs personnes adultes fragiles, qui salarient ensemble une maîtresse de maison.
Inspirée des traditions maories en Nouvelle-Zélande, la « conférence familiale », couramment pratiquée aux Pays-Bas, au Canada, en Norvège, en Grande-Bretagne, en Nouvelle-Zélande et en Australie mais encore peu développée en France, est une forme de conseil de famille élargi qui mobilise la famille et son réseau social de proximité. Les participants cherchent à apporter, ensemble, des solutions concrètes à la question posée par la personne qui les a invités. Le plan d’action issu de cette réunion est ensuite remis aux professionnels et devient la feuille de route de l’accompagnement de la famille. « La conférence familiale est un levier formidable dans la protection de l’enfance et l’accompagnement des personnes handicapées ou âgées, en difficultés scolaires ou sociales, qui permet de redonner du pouvoir d’agir au cercle familial élargi, de donner la main au groupe familial », souligne Bénédicte Jacquey-Vazquez.