« L’isolement social est la situation dans laquelle se trouve la personne qui, du fait de relations durablement insuffisantes dans leur nombre ou leur qualité, est en situation de souffrance et de danger. Les relations d’une qualité insuffisante sont celles qui produisent un déni de reconnaissance, un déficit de sécurité et une participation empêchée. Le risque de cette situation tient au fait que l’isolement prive de certaines ressources impératives pour se constituer en tant que personne et accéder aux soins élémentaires et à la vie sociale. » C’est la définition proposée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese) dans son avis « Combattre l’isolement social pour plus de cohésion et de fraternité ». Ce phénomène touche 1,5 million de personnes âgées de plus de 75 ans en France. C’est pour lutter contre cela qu’est née, en 2014, la démarche Monalisa (Mobilisation nationale contre l’isolement des personnes âgées). Mieux, c’est dans le but de faire « de l’isolement relationnel des personnes âgées une priorité nationale », qu’a été fondée cette association de loi 1901, comme l’explique Jean-François Serres, son référent national.
Concrètement, ce dispositif rassemble tous ceux qui font cause commune contre cet isolement social des personnes âgées : des associations, des institutions, des collectivités locales ou territoriales, des caisses de retraite, des citoyens… L’isolement social « accélère la perte d’autonomie et dégrade la santé, précise celui qui est aussi délégué général du Cese. Ainsi, des études internationales de plus en plus nombreuses montrent que l’isolement social a des conséquences aussi importantes que l’obésité ou le tabagisme. » Dès lors, sur le terrain, la démarche Monalisa se développe de deux manières, étroitement liées : par le biais d’équipes citoyennes et de coopérations territoriales. « Il s’agit d’équipes bénévoles qui agissent, mettent en place des projets très divers. Cela peut être des visites à domicile, des ateliers de partage, des rencontres dans des cafés de campagne, de la mise en relation de familles monoparentales avec des personnes âgées pour faire du partage de services… », renseigne Jean-François Serres.
A l’origine, Monalisa a démarré avec 40 associations signataires (Uniopss, Unccas, Groupe Klésia, Fnadepa, Fondation Médéric-Alzheimer, Les Petits Frères des pauvres…). Aujourd’hui, il y en a près de 500. « Ce qui montre que notre démarche va dans le bon sens », se félicite son référent national. Autre preuve de « ce bon sens », en 2017, le Cese a préconisé la généralisation de la mobilisation, qui a aussi inspiré le rapport « Libault » (notamment les propositions 35-36-37). Dès lors, « nous attendons que la loi concrétise ces préconisations, de voir si le gouvernement donnera les moyens nécessaires à ce que la démarche soit durable et mieux structurée, mieux intégrée aux politiques publiques. Car il y a encore des progrès à faire. » Rendez-vous en fin d’année donc.
• 63 coopérations territoriales, présentes sur les 2/3 des départements.
• 306 équipes citoyennes sur tout le territoire, dont une sur deux est portée par une association nationale, 25 % par des associations locales et 15 % par des CCAS.
Après huit années mobilisées dans les quartiers sensibles en Seine-Saint-Denis au sein d’Emmaüs Habitat (1995-2003), Jean-François Serres rejoint Les Petits Frères des pauvres, pour y exercer les fonctions de délégué général jusqu’en juin 2016. Il est à l’origine de la démarche Monalisa (mobilisation nationale contre l’isolement social des personnes âgées), dont il est aujourd’hui le référent national. Il est vice-président du Mouvement associatif et y représente l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uniopss). Essayiste, son dernier ouvrage, paru aux éditions Le Pommier en 2017, s’intitule « Engageons-nous en fraternité ». Au Cese, il siège à la section des affaires sociales et de la santé, ainsi qu’à la délégation à la prospective et à l’évaluation des politiques publiques.