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Les réalités locales du mal-logement

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Entre grandes villes et zones rurales, les problématiques du mal-logement et les réponses apportées sont-elles équivalentes ? Pour donner un aperçu de la situation des territoires, la Fondation Abbé-Pierre a réalisé une enquête, présentée le 5 novembre à l’occasion d’un colloque à Lille.

L’enquête de terrain conduite par la Fondation Abbé-Pierre entre mars et juin 2019, sur treize territoires, s’intéresse à l’« hétérogénéité dans les réponses apportées aux mal-logés » et aux « inégalités de situations ou de moyens ». La réalité du mal-logement est appréhendée dans ses cinq dimensions : absence de domicile personnel, mauvaises conditions d’habitat, difficultés d’accés à un logement et de s’y maintenir, blocages de la mobilité résidentielle. En termes de gouvernance, les décideurs locaux dénoncent souvent le « décalage » entre les objectifs nationaux et les moyens alloués. Nombre de réformes sont aussi perçues comme inadaptées aux réalités locales. Par exemple, l’objectif de la loi relative à l’égalité et à la citoyenneté de 2017 de réaliser 25 % des attributions, hors quartiers prioritaires, à des ménages du premier quartile de revenus « a du sens dans les territoires avec très peu de mixité socio-spatiale », mais « cela est moins vrai à l’échelle de territoires où la précarité est généralisée y compris hors quartiers prioritaires », comme à Roubaix. Les entretiens menés auprès des acteurs locaux témoignent, enfin, de « besoins d’accompagnement » pour mettre en œuvre les réformes successives du logement pour lesquelles ils ne sont pas toujours bien outillés. Les associations restent quant à elles fragilisées du fait d’une « concurrence accrue pour accéder aux fonds publics » et de la « concentration de missions dans les mains de grands opérateurs locaux ou nationaux ».

L’habitat indigne en milieu rural

Les préjugés vis-à-vis du logement social freinent tout autant des élus de petites communes que de grandes villes, « comme le montrent les stratégies d’évitement de production du logement social dans certaines communes franciliennes », souligne l’enquête. Mais le défi n’est pas seulement de produire : il s’agit aussi d’adapter l’offre aux profils des ménages demandeurs, dont un nombre croissant sont isolés, et de proposer des formules adaptées aux plus modestes (PLAI ordinaire ou adapté, conventionnement social et très social dans le parc privé…). Or, les dispositifs portés par des associations à destination des ménages défavorisés, tels que le bail à réhabilitation ou l’auto-réhabilitation accompagnée, « restent très méconnus ».

L’habitat indigne et la précarité énergétique touchent autant les centres anciens (Quimper, Pau, Montpellier) que le milieu rural (Centre Bretagne, Sud-Ardèche, Pays de l’Aude) ou les anciennes villes ouvrières (Roubaix, Mulhouse). Mais dans le milieu rural où de grandes maisons individuelles anciennes sont occupées par des propriétaires « de plus en plus isolés et souvent très modestes », des difficultés particulières se posent. Entre autres, « l’absence d’un tissu dense d’intervenants sociaux pour accompagner et signaler les situations, puis d’opérateurs pour prendre le relais, renforce la problématique d’invisibilité des situations d’habitat indigne et de non-recours des ménages », soulève l’enquête. Pour les communes ou intercommunalités mal outillées, « l’éparpillement des compétences entre institutions prenant en charge l’habitat indigne et dégradé s’avère un obstacle important » à la prise en charge de ces situations critiques diffuses. Leur repérage s’avère souvent lacunaire, ce qui limitent les investissements et les interventions techniques.

Des initiatives émaillent les territoires

Plusieurs sites ruraux« déploient des pratiques d’“aller vers” qui s’adaptent à la faible mobilité des ménages très modestes », relaie l’enquête. En Centre Ouest Bretagne, le camping-car COB’Mobil circule depuis avril 2019 auprès des personnes dans leur lieu de résidence, afin de faciliter l’accès à un accompagnement social. En Ardèche, le Centre de ressources itinérant autour du logement, né en 2015, implante ses permanences dans les distributions d’aide alimentaire et les ressourceries, afin de mieux toucher les publics concernés. Enfin, la réhabilitation des centres historiques peut intégrer la lutte contre l’habitat indigne, comme à Draguignan (Var), où une action spécifique est menée en parallèle avec l’agence régionale de santé, la police et la justice afin de « contrecarrer l’action de marchands de sommeil durablement installés ».

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