Depuis 1996, le Grath est enthousiaste à l’annonce de chaque plan et, à chaque fois, nous nous rendons compte que l’on est loin du compte. L’Etat annonce un financement supplémentaire de 105 M€ sur trois ans pour créer 10 000 places dans les structures d’accueil temporaire. Cela équivaut à 10 000 € par place, donc à un forfait soins. Mais il faut trouver les 40 000 € restants auprès des usagers et des conseils départementaux.
Les gestionnaires ne sont pas toujours très volontaires pour développer des solutions de répit car cela nécessite une débauche d’énergie et une prise de risque. L’accueil temporaire demande un mode de gestion plus complexe avec le rapprochement offre-demande à effectuer en permanence. Les taux d’occupation à 80 % ne sont en général pas pris en compte dans la tarification. Depuis le décret du 9 mai 2017 sur la nomenclature des ESMS dans le secteur du handicap, la réglementation permet de transformer du temporaire en permanent de façon très déconcertante.
Un pilotage du développement de l’offre de répit est nécessaire. Une véritable ingénierie de planification, qui rassemble au niveau régional les gestionnaires et les planificateurs (agences régionales de santé et conseils départementaux) afin d’identifier les solutions à déployer, les territoires concernés et la réorganisation éventuellement nécessaire de l’offre existante. La labellisation des places nous paraît être une piste très intéressante pour y parvenir.
Trois priorités : l’accueil temporaire à domicile (comme le fait le dispositif Bulle d’air), des accueils hors institutions et des plateformes de services. Le plan « aidants » veut faciliter l’accès aux vacances ordinaires des personnes handicapées, alors que les solutions aidants-aidés du type Vacances Répit Familles sont de belles démonstrations de réussite et méritent d’être largement soutenues. Le Grath privilégie les unités dédiées à l’accueil temporaire qui ont un meilleur fonctionnement. Elles sont un peu mieux protégées depuis la réforme de la nomenclature et peuvent avoir des budgets adaptés plutôt que de calquer le prix de journée du permanent sur le temporaire, ce qui n’a jamais été la bonne solution.
Ce principe rappelle celui de la solution SOS Répit développée par le Grath. Depuis 2018, nous avons équipé plus de 4 200 établissements d’un système de suivi de la disponibilité des places d’accueil temporaire en temps réel. La CNSA doit définir d’ici à la fin de l’année le cahier des charges pour le suivi de la disponibilité en temps réel des places d’accueil temporaire. En 2011, le Grath avait fait avec la CNSA une expérimentation sur le suivi de la disponibilité des places d’accueil temporaire dans l’Allier et notre savoir-faire a certainement été utile à la caisse pour préparer le suivi des orientations (SDO).
Jean-Jacques Olivin est fondateur et actuel directeur du Grath. En 2002-2003, il a été chargé de mission auprès de la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées pour la mise en place de la réglementation de l’accueil temporaire.