La maltraitance, un enjeu majeur de santé publique

Alors qu’Adrien Taquet a présenté, le 15 octobre, la stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance (2020-2022), le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique fait le point sur les données scientifiques existantes concernant l’épidémiologie et les conséquences à court et à long terme de la maltraitance sur le développement de l’enfant. « Très peu de pays dans le monde sont en mesure de chiffrer de manière fiable la fréquence et la nature de la maltraitance infantile au sein de leur population », note l’un des articles. Chaque année, environ 50 000 plaintes pour violences physiques sur enfant sont déposées et 20 000 pour agressions sexuelles. Chaque jour, 90 appels sont traités par le plateau d’écoute du 119, le numéro de l’enfance en danger, et 40 informations préoccupantes sont signalées. L’Observatoire national de la protection de l’enfance a estimé à 67 le nombre d’enfants décédés de façon violente au sein de la famille en 2017. Dans ce numéro du BEH, une étude nationale rétrospective inédite montre que les nourrissons de 1 mois à 1 an, hospitalisés pour maltraitance physique, correspondent à 0,24 % à 0,63 % de tous les enfants hospitalisés de cette tranche d’âge. Les sévices et traumatismes sont tels que lors de la première hospitalisation, le pourcentage de décès est 40 fois plus élevé par rapport aux autres enfants du même âge présentant des lésions traumatiques non intentionnelles. Selon les données de la littérature, les enfants subissant des maltraitances présentent davantage de problèmes socioaffectifs ou comportementaux. Des conséquences sur le plan cognitif sont également identifiées ainsi que des répercussions sur la santé physique. « La communauté scientifique, de même que l’Organisation mondiale de la santé reconnaissent d’ailleurs désormais cette problématique comme un sérieux problème de santé publique. Les conséquences qu’elle entraîne sur le développement de la personne sont importantes et de plus en plus documentées de manière longitudinale », souligne l’un des articles.