Les petits riens de l’accueil familial

Alors que la « stratégie nationale pour la protection de l’enfance », annoncée par Adrien Taquet, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, laisse songeurs de nombreux professionnels, quelle est la place des enfants placés ? Cette question est au centre d’un des numéros des Cahiers de l’enfance et de l’adolescence. Et d’abord, la terminologie : « Placer un enfant, accueillir un enfant… Je sais que ces verbes font débat dans les services, entre eux et dans les textes officiels. Comment nommer son service ? Comment le penser ? », soulignent Denise Bass, responsable de publication de la revue, et une quinzaine de personnes réfléchissant à l’avenir de l’accueil familial, regroupées dans l’atelier 2AF. Une chose est certaine : le placement bouscule et ne laisse pas indemnes ni l’enfant éloigné de sa famille pour le protéger, ni les professionnels, et notamment les assistants familiaux. Il faut s’accepter l’un l’autre. Place de l’enfant dans la loi de 2016, dans la société, dans la famille d’accueil, réciprocité, adolescents confiés, visites médiatisées, problématique du père absent, engagement des professionnels… sont autant de thèmes passionnants au sommaire du numéro. Parmi eux, les témoignages d’assistantes familiales, particulièrement touchants, que les auteurs ont appelés « les petits riens » du quotidien mais qui changent tout parfois. Ainsi, Nicole raconte que, pour décontracter l’atmosphère certains soirs, elle mime Karim dans ses moments d’énervement. Le garçon rit et, dit-elle, « ce soir-là, le coucher est paisible ». Antonella, elle, dépose le linge lavé et repassé dans la chambre de Liam, 13 ans. « Il le prend, fourre son nez dedans, respire fort et me dit : “Pour moi, c’est ça le bonheur, avoir du linge propre à se mettre chaque jour.” » Très intéressant également, l’entretien avec deux assistantes familiales – auxquelles la parole n’est pas si souvent donnée – sur ce qu’apporte et transforme l’accueil chez soi d’un enfant étranger.