La Fondation Abbé Pierre présentait, le 7 octobre, un rapport sur l’état du mal-logement en île-de-France. À l’heure où ce territoire concentre environ 60 % des recours DALO, 40 % des expulsions locatives et 33 % des habitants de bidonvilles, la Fondation a rappelé la nécessité de produire du logement abordable. Le schéma directeur, voté en 2010, visait 30 % de logement social en Île-de-France d’ici 2030. Pour ce faire, 37 000 logements par an devraient être produits ; or, la tendance est plutôt à 30 500. Surtout, là où « 70 % des demandeurs de HLM sont sous plafond PLAI » – donc demandeurs des logements les plus abordables –, seules « 14 % des mises en service le sont », note Éric Constantin, directeur de l’agence Île-de-France, qui regrette cette « inadéquation ». Pendant ce temps, la région compte près de « 570 000 logements inoccupés : la mobilisation du parc privé reste un sujet à attaquer ».
Des solutions telles que le programme Emile, de la Dihal, accompagnant la mobilité des ménages fragilisés vers d’autres régions, ne peuvent prétendre être « une politique nationale pour résoudre le mal-logement », met en garde Éric Constantin. Idem pour la colocation intergénérationnelle, ou pour des dispositifs comme Solibail ou Louer Solidaire : « La sous-location n’est qu’une étape supplémentaire, et non directement du Logement d’Abord. Tout ne doit pas tourner qu’autour de l’intermédiation locative. »
Enfin, le rapport de la Fondation Abbé Pierre relève de nombreuses violations du droit. Entre autres, les expulsions de ménages prioritaires DALO sans solution de relogement, pourtant interdites par des circulaires de 2010 et de 2017. « Les circulaires tenaient jusqu’ici, même si l’on devait se battre à la fin de chaque trêve hivernale ; or, à l’été 2019, ça n’a pas tenu pour la première fois, témoigne le directeur de l’agence. Trois ou quatre ménages ont été concernés la même semaine à Paris. » Une rencontre avec le préfet de région a permis de les reloger à l’hôtel. Mais pour des situations similaires en Seine-Saint-Denis, « on ne leur propose rien du tout », déplore Jean-François Neen, chargé de mission habitat, rappelant qu’il s’agit là « de remontées de terrain partielles : nous n’avons pas de statistiques ». Sous les radars subsiste aussi l’hébergement chez un tiers, qui concernerait près de 148 000 personnes en Île-de-France. « Nous en parlons peu car il s’agit d’espaces privés : mais cela représenterait la plus grande ville de la région », souligne Éric Constantin.