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« Les accueillants familiaux sont des artisans du quotidien »

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directeur de l’Institut de formation de recherche et d’évaluation des pratiques médico-sociales (IFREP)
Les complexités de l’accueil familial

« L’accueil familial n’est pas un dispositif. Il ne dépend que de la volonté de particuliers à accueillir et, pour ce faire, à demander un agrément. Pour que cette volonté soit réelle, faut-il pour autant qu’ils soient informés de cette possibilité ? On a oublié que le département pouvait informer mais pour ne pas être ennuyé avec l’agrément autant ne pas informer les populations qu’un agrément d’accueillant familial est possible. Une activité spécifique qui ne s’obtient pas après une formation, même s’il y a aujourd’hui une formation initiale [12 heures, ndlr] ou un diplôme, qui n’est ni un travail du social, ni du médical, ni de l’éducatif. C’est simplement un travail quotidien dans un cadre familial plus ou moins large, dans une grande proximité et une grande intimité relationnelle. Les accueillants familiaux exercent une activité libérale qui n’est possible qu’après l’agrément. On ne peut pas dire métier, ni profession. C’est une activité libérale très contraignante puisqu’elle doit assurer la continuité de l’accueil et répondre à des problématiques liées à l’âge et au handicap 24 heures sur 24. Les accueillants familiaux sont responsables de tout : des accueillis, des remplaçants, des demandes d’aides relatives à l’hygiène de la personne accueillie par exemple.

Cette activité suppose pour les accueillants, et éventuellement pour ceux qui les agréent, une idéologie du familial, de ses règles, de ses limites, de ses potentialités pour être et pour ne pas être avec. Cette idéologie du familial suppose des limites du quotidien. Vivre ensemble au quotidien ne peut se faire que dans le cadre d’organisations familiales avec ses propres règles plus ou moins adaptées aux besoins des personnes accueillies qui également ont leurs propres habitudes de vie. Des limites relatives aux soins d’hygiène, à l’accompagnement à la toilette, aux médicaments. Les limites aux frais d’accueil quand l’accueillant n’y arrive plus ou du fait de la dépendance s’aggravant de la personne accueillie. »

L’accueil familial et la loi 2002-2

« La loi du 2 janvier 2002 ne s’applique pas à l’accueil familial qui n’est ni un service ni un établissement. On voit tous les manques qu’il y a à combler dès lors que l’on veut porter une dynamique d’accueil. Ce travail a été, dans certains départements, imposé de façon autoritaire aux accueillants familiaux qui eux, dans ce cas, revendiquent leur liberté d’agir dans le cadre du gré à gré. Ce travail ne peut être qu’une coconstruction. Les accueillants familiaux sont des artisans du quotidien, des théoriciens du quotidien. Plus ils seront considérés comme des interlocuteurs professionnels et plus on pourra travailler avec eux. »

Les évolutions de l’accueil familial

« Nous sommes en train de passer d’un accueil familial du XXe siècle à un accueil familial du XXIe siècle où l’activité pourrait avoir une coloration de moins en moins familiale, de passer le cap d’un accueil très familial à un autre accueil qui serait plus professionnel, s’inscrirait peut-être au registre médico-social. On le voit déjà beaucoup sur l’accueil des personnes âgées surtout dans le Sud de la France où il y a des personnes qui se « spécialisent » dans l’accueil de personnes âgées très dépendantes mais où l’aspect familial est très secondaire au quotidien partagé ou au quotidien accueillant. Nous espérons que la réglementation va pouvoir accompagner cela et le contenir et ne pas aller vers un accueil de mini-établissements familiaux. »

La déliquescence de l’accueil familial thérapeutique

« Dans le cadre des lois de sectorisation psychiatrique, il y a une avancée importante relative à l’accueil familial thérapeutique avec un arrêté du 1er octobre 1990. Ce texte avait pour mission de réglementer et encadrer l’accueil. Depuis cette date, l’administration hospitalière et de la santé ne s’est jamais préoccupée de revisiter cet arrêté afin d’aider les hôpitaux à être clairs à la fois sur le statut des accueillants et sur le statut des accueillis. Faute d’avoir des consignes nationales, et du fait des restrictions budgétaires, les établissements psychiatriques se défont de l’accueil familial thérapeutique alors qu’ils s’étaient lancés “dans l’aventure”. C’est une carence grave de l’administration centrale. Ces publics, qui étaient pris en charge dans des familles d’accueil accompagnées, formées et soutenues, se retrouvent dans l’accueil familial de gré à gré ».

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