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Une réforme de l’assurance chômage qui accroît la pauvreté

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Alexis Goursolas, de la Fédération des acteurs de la solidarité, s’inquiète de l’application au 1er novembre prochain du nouveau régime d’assurance chômage. Il y voit « un mouvement de précarisation des chômeurs ».

« Le 25 septembre, on pouvait assister à une scène insolite devant l’Assemblée nationale : une vingtaine de personnes étendues au sol, entourées des bandes jaunes “crime scene” popularisées par les films et les séries policières. Ces militants du Mouvement national des chômeurs et précaires dénonçaient la réforme de l’assurance chômage qui entrera en vigueur le 1er novembre prochain. Une mise en scène à laquelle fait écho Laurent Berger [secrétaire général de la CFDT] en déclarant le même jour à propos de cette réforme : “ça va être une tuerie !” Mi-juillet, l’association Solidarités nouvelles face au chômage avait également dénoncé une réforme foncièrement injuste. La Fédération des acteurs de la solidarité partage totalement ces inquiétudes.

La réforme va en effet, d’après l’Unedic, toucher négativement un nouveau demandeur d’emploi sur deux, et particulièrement les personnes les plus précaires.

• Première cause : il faudra désormais avoir travaillé six mois lors des 24 derniers, contre quatre mois sur 28 aujourd’hui, pour ouvrir des droits à indemnisation. En parallèle, il faudra désormais travailler six mois, et non plus un, pour activer les droits rechargeables. Plus du quart des 2,6 millions de personnes qui auraient ouvert des droits à indemnisation avec les règles actuelles vont être touchées : 200 000 n’ouvriront plus de droits, 210 000 ouvriront des droits plus tardivement et 300 000 auront des droits plus courts.

• Seconde cause : le changement du mode de calcul des indemnités, à travers l’évolution du “salaire journalier de référence” (SJR). Basé sur le niveau de salaire de la dernière année, il sera demain fonction des rémunérations des deux dernières années (des trois dernières pour les 53 ans et plus). Le nouveau SJR sera en moyenne plus faible. 37 % des futurs allocataires seront affectés, parfois très lourdement. L’indemnité versée sera ainsi divisée par deux pour les 190 000 personnes ayant travaillé entre 25 % et 49 % du temps, atteignant alors 431 €, soit moins que le revenu de solidarité active (RSA)…

La durée d’indemnisation sera certes allongée à 18 mois, le montant total des indemnités à percevoir étant alors le même qu’auparavant, mais étalé sur une période plus longue. Les chômeurs verront bien toutefois leurs ressources baisser. Et comme ils n’utilisent que dix mois en moyenne de leurs indemnités, ils ne “récupèreront” pas leur droit à terme.

Deux milliards d’euros d’économies

Ces mesures, qui ciblent explicitement les personnes qui travaillent peu, constituent à elles seules près de 2 milliards d’euros d’économies annuelles à partir de 2021. Pour le gouvernement, elles ont choisi de travailler de manière discontinue pour y gagner financièrement. Elles profiteraient d’un système trop généreux et refuseraient des opportunités d’emploi. La réforme les ferait changer de comportement, limitant les coûts pour l’assurance chômage tout en aidant les entreprises à pourvoir leurs besoins en recrutement.

Pourtant, une large majorité des personnes précaires ne raisonnent pas ainsi et ne demandent qu’à travailler plus. Nous savons également qu’elles sont privées d’activité professionnelle, car si le marché du travail est dynamique, le plein emploi reste loin (3,6 millions de personnes n’occupant pas d’emploi inscrites à Pôle emploi, 2,8 millions inscrites depuis plus d’un an). L’économie mondiale reste fragile et les contrats à durée indéterminée représentent moins de la moitié des perspectives de recrutement en 2019. Les demandeurs d’emploi vont donc massivement voir leurs ressources baisser et des centaines de milliers de personnes vont basculer dans les minima sociaux et la pauvreté. Les mesures positives de la stratégie « pauvreté » ou du pacte « ambition pour l’IAE » ne vont pas peser lourd face à ce mouvement de précarisation des chômeurs. »

Contact : alexis.goursolas@federationsolidarite.org

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