Ils sont 4,6 millions de Français de 60 ans et plus à ressentir de la solitude, et 3,2 millions sont même en risque d’isolement relationnel. C’est ce qui ressort de l’étude « Solitude et isolement de nos aînés, une urgence humaine et territoriale » des Petits frères des pauvres, publiée le 29 septembre. En croisant le phénomène de l’isolement avec les caractéristiques territoriales, l’association dresse un tableau de ces situations à travers la France. La solitude et l’isolement touchent plus particulièrement les femmes, les personnes de plus de 85 ans et les personnes aux revenus modestes. Les régions Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté et Nouvelle-Aquitaine cumulent un fort ressenti de solitude et un risque d’isolement plus grand. Si le ressenti de solitude n’est pas plus fréquent en milieu urbain qu’en zone rurale, il est cependant exacerbé dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et dans les agglomérations de 2000 à 20 000 habitants. En zone urbaine, l’isolement est aggravé par des solidarités et des relations de voisinage amoindries : 50 % des Français de plus de 60 ans des grosses agglomérations n’ont pas de contact régulier avec leurs voisins. En zone rurale, les solidarités sont plus fortes mais c’est le manque de services du quotidien et de transports qui renforce l’isolement.
L’étude pointe également un attachement au territoire de proximité, qui se renforce avec l’âge : 43 % des personnes âgées vivent depuis leur naissance dans le même département, une proportion qui est même majoritaire dans les régions Hauts-de-France (61 %) et Grand-Est (54 %). 86 % des Français sont attachés à la commune dans laquelle ils habitent. 28 % des Français de plus de 60 ans en zone rurale aimeraient davantage de transports en commun, 25 % se prononcent pour un meilleur réseau de téléphonie mobile et d’accès Internet, et 23 % pour plus de commerces. En zone urbaine, la priorité est à une meilleure accessibilité des espaces publics.
Pour remédier à ces situations, l’association porte quinze préconisations, parmi lesquelles celles de mieux mesurer l’isolement relationnel et de construire une politique territoriale de proximité de lutte contre l’isolement des aînés. Il s’agirait également de rendre visible l’isolement des personnes âgées avec des actions de sensibilisation du grand public, d’encourager l’engagement citoyen, mais aussi de favoriser le maintien des services et commerces de proximité.