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« Il faut consolider le secteur de l’aide à domicile »

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Annie Vidal, députée (LREM) de Seine-Maritime, a répondu aux inquiétudes des professionnels du secteur, lors des Assises nationales de l’aide à domicile, à Paris.

« J’ai entendu vos craintes quant au projet de loi “grand âge et autonomie”. Je veux vous rassurer : celui-ci ne va pas être mis sous le tapis. Bien au contraire. Le temps peut paraître long, mais c’est parce que nous sommes en pleine réflexion. Des travaux complémentaires au rapport “Libault” sont actuellement conduits au sein de l’Assemblée nationale par un certain nombre de parlementaires. Nous avons aussi des réunions de travail très régulières avec le cabinet d’Agnès Buzyn pour rédiger ce projet. Le calendrier du gouvernement est clair : un projet de loi doit arriver en conseil des ministres au plus tard en décembre (nous espérons fin novembre). Et, si le calendrier de l’Assemblée nationale le permet, on pourrait essayer de le mettre en séance avant les municipales. Nous avons déjà une ossature prévisionnelle sur ce projet de loi. Il s’agit de six grandes idées : la prévention, le domicile, les Ehpad, le développement de la recherche, le reste à charge et la bientraitance des personnes en fragilité comme du proche aidant. On peut penser que le domicile ne figure pas dans le rapport “Libault” parce qu’il n’y a pas un chapitre spécifique sur le sujet. Mais quand on regarde les axes de ce rapport, le domicile est en réalité présent partout. Par exemple, quand on dit qu’une personne âgée doit pouvoir exercer son libre arbitre et choisir ses conditions de vie, cela ne se fera pas sans un système à domicile important, solide. Le rapport est aussi traversé d’humanité. Et l’humanité vient de la relation entre la personne et son aide de vie. C’est donc aussi du domicile.

Les trois piliers de la réforme

Selon moi, la réforme du grand âge doit comprendre trois piliers fondamentaux. Le premier, c’est le financement. Certes, ces financements ne sont pas encore ciblés, mais l’on sait aussi que la perte d’autonomie (et le rapport “Libault” l’a identifiée en tant que telle) doit être reconnue comme un risque à part entière. Ce qui, selon moi, est déjà une réelle avancée. Cependant, comment la financer ? Je préconise que cela le soit pour partie par la solidarité nationale et pour une autre par des mesures assurantielles. Si rien n’est encore acté, tout cela est bien sur la table. Il s’agit de nos travaux de l’année 2020. Pas avant, car tant que le projet de loi n’est pas rédigé, il est difficile de travailler sur le financement. En effet, par définition, on finance du concret, des mesures. Et sans un financement à la hauteur, nous ne pourrons pas décliner les propositions du rapport telles que nous les attendons. Le deuxième pilier a été largement évoqué, mais n’est toujours pas arbitré. Il s’agit de la problématique de la gouvernance locale. La question n’ayant pas été tranchée dans le rapport “Libault”, nous avons continué à auditionner les uns et les autres pour trouver la meilleure solution. Le troisième pilier est celui du regard que nous portons sur le grand âge, sur nos aînés et sur nos établissements. Là encore, je suis convaincue, et je le vois dans beaucoup de signes, que ce regard commence à changer. Il faut davantage encore l’accompagner. Nous attendons notamment le rapport d’Audrey Dufeu-Schubert sur le sujet(1). Une fois que l’on a posé ces trois piliers, on n’a toutefois rien fait. Je pense notamment à tout ce qui est lié à la restructuration de l’offre.

Aujourd’hui, nous avons une offre qui correspond à ce qu’était le grand âge il y a quelque temps. Nous avons une restructuration importante à faire, notamment sur les structures en établissement, qui doivent évoluer et se diversifier. Mais la part du domicile est aussi considérable. L’évolution démographique est telle que, sans un système à domicile renforcé, nous n’arriverons pas à répondre aux défis du grand âge. Je partage cependant votre inquiétude. Le système du domicile fonctionne grâce à l’investissement des personnels. Mais il me semble qu’il demeure fragile, notamment parce qu’il y a des difficultés de recrutement. Fragile parce que les chiffres sont là pour témoigner d’un taux d’accidents de travail trois fois supérieur à la moyenne nationale. C’est un signe qu’il y a quelque chose à consolider dans le domicile. Et fragile parce que le turn-over est extrêmement important. Tout cela est un peu inquiétant, d’autant plus que la restructuration de l’offre va s’appuyer considérablement sur le domicile. Or, aujourd’hui, je considère que le domicile n’est pas assez solide pour que l’on puisse s’appuyer dessus. Pas assez solide pour faire une proposition de restructuration de l’offre. »

Notes

(1) Voir ASH n° 3118 du 5-07-19, p. 18.

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