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Changement de ton sans changement de cap

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Malgré les nombreuses réformes à venir dans le secteur sanitaire et social, la lutte contre les inégalités sociales semblent encore loin pour l’Uniopss, qui a fait le point sur les enjeux budgétaires de la rentrée, le 26 septembre.

Entre la réforme des retraites, de l’assurance chômage, celle de la dépendance ou encore la concertation autour du revenu universel d’activité, les chantiers dans le champ sanitaire et social ne manquent pas. Le 26 septembre, l’une des principales têtes de réseaux du secteur, l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss) a présenté son analyse de l’année écoulée et des enjeux à venir. Si l’organisation relève un changement de ton, une approche « qui se veut à l’écoute », elle ne cache pas ses inquiétudes quant aux réformes en préparation.

« On ne peut pas accuser le gouvernement d’immobilisme. Mais jusqu’à présent, il n’y a quasiment pas eu de compromis sur le fond malgré les débats et les discussions », observe Patrick Doutreligne, président de l’Uniopss, qui espère à présent être davantage entendu.

Aucune mesure concrète

Malgré les réformes à venir, dont les objectifs sont partagés par les associations, la situation reste problématique dans de nombreux secteurs. Pour Patrick Doutreligne, le gouvernement ne prend pas suffisamment la mesure de la réalité actuelle : « Le projet autonomie des personnes âgées fait l’impasse sur le manque de personnel en Ehpad et dans l’aide à domicile, la lutte contre la pauvreté fait l’impasse encore pour trois ou quatre ans sur les personnes qui sont aujourd’hui en situation de pauvreté. Ce qui manque surtout c’est une véritable lutte contre les inégalités sociales. » Menées à budget constant, ces réformes semblent encore loin des enjeux, quand elles ne rognent pas sur d’autres budgets existants.

Dans le secteur de la dépendance, le constat est également amer. Après deux grèves historiques en 2018, des concertations ont été menées par le gouvernement pour préparer la loi « grand âge et autonomie » et pour réformer la prestation de compensation du handicap, mais pour l’heure, aucune mesure concrète n’a encore été avancée. « Du côté des acteurs de terrain, la situation ne s’est pas améliorée, souligne Laurène Dervieu, conseillère technique « autonomie et citoyenneté des personnes en situation de handicap et personnes âgées » de l’Uniopss.Les établissements ont connu d’importantes difficultés de remplacements notamment pendant la canicule cet été, et ont dû faire appel à des bénévoles. Les difficultés de recrutement sont loin d’être réglées. » Et les prévisions budgétaires ne risquent pas d’apaiser les tensions actuelles. Si le taux de progression de l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) pour le médico-social devrait passer de 2 % à 2,8 % en 2020, celui-ci reste bien en deçà des besoins chiffrés par le secteur à 6 %.

Des avancées mais trop d’inquiétudes

Du côté de l’enfance, de nombreuses avancées ont été notées par Jérôme Voiturier, directeur général de l’Uniopss. La nomination d’Adrien Taquet au poste de secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance et la participation plus importante des jeunes lors des concertations ont notamment été saluées par les associations. Pourtant, plusieurs signaux éveillent les interrogations des acteurs : les moyens alloués à la protection de l’enfance restent faibles, le volet répressif semble prendre le pas sur le volet éducatif dans la réforme de la justice des mineurs et le nombre d’enfants en rétention administrative a été multiplié par cinq depuis 2013. Quant aux mineurs non accompagnés, ils sont de plus en plus écartés du droit commun de la protection de l’enfance.

Autre vive inquiétude, celle du projet de réforme de l’aide médicale de l’Etat (AME) réservée aux sans-papier, dont les premières pistes évoquent une réduction du panier de soin ou l’introduction d’un ticket modérateur. « Non, l’AME ne permet pas le remboursement de frais chirurgicaux, mais permet de soigner des pathologies comme le VIH, explique Laurie Fradin, conseillère technique “santé-ESMS” à l’Uniopss. Ces personnes ont une santé fragile qui peut vite se dégrader en raison de leurs conditions de vie précaires. En réduire l’accès, c’est prendre le risque de voir des situations de santé se dégrader. » Et devenir un problème de santé publique.

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