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« Nous Rentrons à Mayotte avec 200 promesses d’embauche »

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co-directrice de Somahazi (Organisme de formation) et de Dagoni-Services (structure d’aide à domicile) à Mayotte
En quoi la situation à Mayotte est-elle particulière ?

Avec mon associé, nous avons créé une société de services à la personne pour faire de l’aide à domicile auprès des personnes âgées et/ou handicapées. En sachant qu’à Mayotte il n’y a aucune structure d’hébergement pour les personnes âgées, aucun Ehpad. La prise en charge à domicile est donc essentielle. Nous avons démarré en janvier 2017 avec deux bénéficiaires. Aujourd’hui, nous avons 80 salariés et facturons 9 000 heures par mois. Nous avons donc été « victimes » d’une croissance très rapide à laquelle il a fallu répondre. Surtout dans le recrutement de salariés formés. C’est pourquoi nous avons lancé un organisme de formation. Aujourd’hui, nous avons des demandeurs d’emploi en formation qui font la partie théorique dans notre organisme de formation et la partie pratique dans notre structure d’aide à domicile. Une fois diplômées, ces personnes sont salariées en CDI à plein temps dans notre structure.

Un succès qui suscite des convoitises de la part de la métropole…

Nous sommes adhérents à la Fedesap. Nous nous retrouvons donc régulièrement avec des personnes qui font le même métier que nous en métropole. Et à chaque fois elles sont surprises par la qualité de notre personnel, par le fait que nous n’avons pas de turn-over, ni d’absentéisme. Dès lors, ces structures nous demandent de leur former du personnel. Nous avons donc convaincu le Pôle emploi local, le conseil départemental et les autres acteurs locaux de financer la formation d’un premier groupe de 30 personnes, divisé en deux groupes de 15.

Concrètement comment cela va-t-il se passer ?

Les étudiants vont faire leur formation théorique (450 heures) dans notre organisme de formation et les stages pratiques (75 heures) dans notre entreprise de services à la personne. Les deux groupes alternent : pendant que le groupe 1 est en stage, le groupe 2 est en formation. Et inversement. Comme nous avons 80 salariés, il y a donc 80 terrains de stage possible. Donc, au maximum, nous pourrions avoir 160 élèves en formation en même temps. L’apprentissage que nous dispensons permet aux élèves d’être tutorés par nos propres salariés, qui sont passés par le même cheminement. Ils maîtrisent donc parfaitement le parcours que les élèves sont en train de faire et sont à même de leur offrir, y compris sur le terrain, une formation extrêmement pratique. Du coup, la méthode de travail, la vitesse d’apprentissage, les valeurs de l’entreprise sont parfaitement suivies.

Vous ne leur trouvez pas seulement un travail. Vous les accompagnez sur le plan personnel…

Effectivement. Il y a en effet une différence culturelle notoire entre Mayotte et la métropole. Certains n’ont, par exemple, jamais vu un bus de leur vie. Il n’est donc pas question d’envoyer des recrues mahoraises à Lille, Paris ou Lyon sans les accompagner. Nous avons pour cela mis au point un réel partenariat personnel avec les associations de Mahorais en métropole. Et ce dans chacune des villes où ils vont être embauchés. De manière à ce qu’ils soient personnellement accompagnés, y compris dans la recherche d’un logement. De notre côté, notre organisme de formation financera ces entreprises par le biais d’une indemnité pour que ce salarié soit tutoré par un autre salarié pendant un mois.

Où en êtes-vous dans la mise en place de ces partenariats ?

Nous sommes en train de faire un tour de France afin de choisir les structures où placer nos élèves. Il faut qu’elles correspondent aux valeurs que nous prônons et enseignons pour éviter que les élèves ne soient trop en décalage. Cela permet ainsi d’assurer à la structure qui va les accueillir la meilleure insertion possible. L’objectif est d’éviter qu’au bout d’un mois une recrue soit complètement déboussolée par ce qu’on lui demande, par la manière dont on lui demande…

Concrètement, il y aura 15 embauches en janvier et 15 autres en avril mais j’ai déjà reçu près de 200 demandes. Nous allons donc rentrer à Mayotte avec 200 promesses d’embauche. Il faut donc que l’on forme rapidement de nouvelles personnes. Dès début novembre. Il va donc falloir aussi, à terme, développer l’organisme de formation pour accueillir tout le monde. C’est donc une boucle vertueuse (sortie du chômage, apprentissage d’un métier, embauche). Mais pour que celle-ci se mette en place, il faut que les institutions jouent le jeu en finançant les formations. C’est ça le nerf de la guerre. Et sur lequel nous n’avons malheureusement aucun pouvoir.

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