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« Je suis les mêmes trajets car l’aventure est dangereuse »

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Le quotidien d’Alexandra Dellapina, retraitée parisienne, n’est pas toujours aisé. Chaque sortie doit être planifiée avec minutie, de la porte de l’appartement jusqu’à sa destination. Inclinaison du trottoir, transports empruntables, configuration de l’établissement visité… Rien ne peut être laissé au hasard.
Quel est votre quotidien dans Paris ?

Pour une personne en fauteuil manuel, les difficultés sont multiples. Il faut parfois passer par le point D pour aller du point A au point B, parce qu’on ne peut pas traverser à cet endroit, qu’il y a un trou, un ressaut, une butée. Il faut anticiper constamment. Si on veut par exemple aller dans une boulangerie et qu’on n’a pas d’accompagnateur, on devra taper au carreau pour acheter notre baguette. Le Monoprix à côté de chez moi comporte deux entrées, mais il faut faire appel au vigile pour utiliser celle qui est accessible, qu’il ouvre avec une clé spéciale… Je ne peux pas accéder à ma banque de quartier car le bâtiment comporte un seuil très haut avec un ressaut, malgré le fait que je leur ai écrit il y a quatre ans pour faire évoluer la situation. Je ne prends plus le bus, le chauffeur rechigne à faire monter deux fauteuils quand le bus est plein, car faire évacuer un bus avec deux fauteuils est plus difficile qu’avec des gens mobiles.

Je fais maintenant venir un coiffeur à domicile car je n’arrive pas à en trouver un accessible. Moralité, ces abdications amènent petit à petit à un repli sur le domicile. Les gens qui sont peu entourés doivent rapidement tomber dans l’isolement.

Devez-vous planifier en amont chaque sortie du domicile ?

J’utilise maintenant l’appli Streetco(1) quand je sors. Mais c’est compliqué pour qui n’est pas agile de ses mains et n’a pas la connaissance des applications modernes. J’habite un immeuble ancien avec de lourdes portes en verre. Le fauteuil n’entre pas dans l’ascenseur, il faut donc que mon accompagnateur plie le fauteuil, le descende, le mette au niveau du boulevard avant que je descende à mon tour. Il faut ensuite regarder l’appli pour anticiper le trajet : s’il y a des travaux, des obstacles, des endroits où l’on ne peut pas traverser. On doit se demander si les bâtiments sont accessibles, ou si l’on pourra parler aux commerçants de l’extérieur. Je suis toujours les mêmes trajets car l’aventure est dangereuse.

Empruntez-vous Les transports à la demande ?

J’ai adhéré à G7 Handi, qui ne lance la recherche de taxi adapté – même si la réservation a été faite une semaine plus tôt – qu’une heure avant. Cela revient à compter sur la chance. J’ai pris le PAM [voir page 31] un certain temps. J’ai arrêté à cause d’une mauvaise expérience même si le service – catastrophique en banlieue – fonctionne correctement dans Paris. Il suffit d’une mauvaise expérience dans un transport, où l’on s’épuise, à cause d’un ascenseur en panne par exemple, pour ne pas avoir envie de recommencer.

Comment évolue la situation ?

Tout n’est pas négatif, il y a du mieux, les trottoirs parisiens ont été aménagés, de plus en plus d’établissements recevant du public sont accessibles, mais beaucoup reste à faire. Il manque notamment la possibilité d’accéder à une information centralisée. Il faudrait qu’une instance indique la liste des cabinets, des commerces accessibles pour les gens ne passent leur journée à appeler pour savoir si les portes seront assez larges, que la pente est prévue…

Notes

(1) Un GPS piéton collaboratif adapté aux personnes à mobilité réduite.

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