« Quand les structures sociales et médico-sociales font appel à l’ANPAA, c’est souvent du fait d’une minorité de personnes qui mettent en difficulté les professionnels et le collectif. Certes, dans certaines structures, les consommations d’alcool d’usagers peuvent apporter des problématiques. Selon les départements, il y a des équipes Anpaa de prévention ou de soins, sous formes de Csapa ou de Caarud(1). La réduction des risques liés à l’alcool est une démarche communautaire. On va accompagner toutes les personnes quel que soit leur rapport avec le produit et, pour qu’elles soient moins stigmatisées et mieux accueillies, travailler sur les représentations. Aujourd’hui, dans beaucoup d’ESMS, l’enjeu est de savoir comment on peut accueillir différemment, mieux, voire accueillir tout court les personnes qui sont dans des conduites addictives. En CHRS, même si les personnes sont hébergées selon le principe d’inconditionnalité de l’accueil, elles ne sont pas toujours “agréées” telles qu’elles sont. Celles qui consomment sans perturber le collectif, on fait comme si de rien n’était. Mais celles qui perturbent le collectif, on ne va leur parler que de cela, comme si elles se réduisaient à leur consommation. Parfois, le contexte favorise des situations compliquées : quand il y a beaucoup de stigmatisations, quand l’institution ne parvient pas à répondre aux besoins des personnes en difficulté avec les produits, quand les professionnels ne savent pas aborder la question. Les problématiques d’alcool masquent ou cristallisent au sein de la structure d’autres difficultés, de communication dans les équipes, de manque de pratiques communes sur le mode d’accompagnement. La première clé est l’évolution des représentations, qui passe par la formation des professionnels comme des personnes accompagnées. Si les professionnels sont plus à l’aise pour en parler de façon non stigmatisante, davantage de personnes pourraient être accompagnées vers le soin. La seconde clé est le travail en partenariat. La démarche de réduction des risques liés à l’alcool doit être travaillée avec les professionnels et les résidents. Le principe est que la personne est autonome, responsable et qu’elle peut arriver à réduire les risques. Elle est au cœur de la pratique et peut faire des choix plus favorables à sa santé. »
(1) Centres de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie. Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues.