« Quel ne fut pas notre étonnement de voir qu’un certain nombre de mesures étaient prises par le Premier ministre avant même l’ouverture du Grenelle sur les violences conjugales ! Marlène Schiappa a annoncé ce Grenelle le 7 juillet dernier. Et entre le 7 juillet et l’ouverture du Grenelle, le 3 septembre, 27 femmes sont mortes ! Si le gouvernement pouvait prendre toutes ces mesures annoncées avant le lancement des discussions du Grenelle, pourquoi ne l’a-t-il pas fait tout de suite ? Cela aurait pu éviter la mort de 27 femmes.
On nous annonce que 400 commissariats seront audités afin de déterminer s’il y a des dysfonctionnements. Ces dysfonctionnements, nous les connaissons déjà ! Un certain nombre de femmes qui sont décédées de violences conjugales avaient porté plainte. L’article 15-3 du Code de procédure pénale oblige les agents de police judiciaire à prendre les plaintes. Or, les femmes victimes de violences conjugales sont trop souvent incitées à déposer une main courante. Il n’est pas utile de faire un audit pour faire appliquer la loi. Le Premier ministre a prévu 1 000 places d’hébergement d’urgence en plus des 5 000 déjà existantes ; c’est relativement peu quand 230 000 femmes sont victimes de violences conjugales.
Le 25 novembre 2017, Emmanuel Macron avait déjà fait des annonces, notamment celle d’ouvrir la possibilité du dépôt de plaintes dans les centres d’hébergement ; et maintenant, le Premier ministre parle de généraliser le dépôt de plaintes dans les hôpitaux. Pourquoi ne pas avoir mis en place les mesures annoncées il y a maintenant deux ans ? Le bracelet anti-rapprochement n’est pas la mesure miracle. Les téléphones grave danger ? Beaucoup sont restés dans les placards. Les pôles spécialisés violences, les procureurs référents, les chambres d’urgence, dont une première expérimentation aura lieu à Créteil : toutes ces mesures nous paraissent légères. Nous demandons que l’ordonnance de protection bénéficie à toutes les victimes, comme cela est prévu dans la Convention d’Istanbul.
Le Collectif national pour les droits des femmes a été blacklisté de ce Grenelle. Nous sommes dans l’expectative. La France connaît une flambée de mobilisation contre les féminicides et, plus largement, avec le mouvement #metoo contre les violences faites aux femmes, elle ne peut pas se contenter de mesurettes. L’exemple de l’Espagne prouve que ce sujet peut être réglé avec une vraie volonté politique. »