Toutes nos associations n’ont pas encore reçu leur notification. Le Planning familial a soutenu la réforme de 2018 des établissements d’information, de consultation et de conseil familial (EICCF) en espaces vie affective relationnelle et sexuelle (Evars)(1), mais tout se fait à budget constant. Depuis des années, l’enveloppe pour la France métropolitaine et les DOM est de 2,8 millions d’euros. Un budget très insuffisant, qu’il faudrait au minimum doubler. La France est loin d’avoir une politique ambitieuse sur les droits en matière de sexualité.
La nouvelle répartition de l’enveloppe nationale sur dix ans se fonde sur une catégorisation des régions, estimées surdotées ou sous-dotées. Ce principe n’est pas acceptable : avec un tel budget, il n’y a que des régions sous-dotées. Les deux critères retenus sont le nombre de jeunes de 12 à 24 ans dans la population locale et celui de nouvelles affaires soumises aux juges aux affaires familiales des juridictions locales. Il est compréhensible que l’administration ait à trouver des critères objectifs pour la répartition des moyens, cependant ces critères doivent prendre en compte les réalités des territoires. Mayotte est considéré comme surdoté ! La Réunion voit son budget diminuer de 10 % en 2019 et en 2020 au prétexte qu’un nouveau centre s’est ouvert au nord de l’île, alors que l’activité n’a pas diminué au sud ! Nous voulons une égalité d’accès à toutes les personnes qui vivent sur le territoire français, en métropole ou en outre-mer.
Certaines associations départementales vont devoir arrêter des actions d’éducation à la sexualité dans les établissements scolaires, dans les foyers ou auprès des jeunes en situation de handicap, ou encore les permanences d’accueil.
Le Planning familial craint que ce budget dédié historiquement aux EICCF ne soit plus fléché par les directions vers les missions définies des Evars. La première conséquence redoutée est l’invisibilité de la mission d’information et d’accès aux droits sexuels pour une grande partie des publics concernés. L’égalité entre les femmes et les hommes porte, évidemment, sur la lutte et la prévention contre les violences sexistes et sexuelles. Mais l’accès aux droits et à l’information sur la contraception, l’avortement, la sexualité, le droit de disposer de son corps et de choisir ou pas la maternité, la lutte contre les stéréotypes de genre et contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre font aussi partie des politiques d’égalité. Pour que les personnes soient autonomes, libres de leurs choix, il est indispensable de continuer tout le travail d’information et d’éducation sur ces questions. Ce qui est loin d’être le cas pour tout le monde et partout en France.