Recevoir la newsletter

Buurtzorg, ou quand le soin à domicile est réinventé

Article réservé aux abonnés

Fondé en 2006 aux Pays-Bas par l’infirmier Jos de Blok, le modèle « Buurtzorg » a pour objectif de rendre leur métier aux professionnels du soin à domicile. Il est expérimenté en France depuis 2017 dans le cadre d’un programme européen sur cinq ans.

Comment devenir le meilleur infirmier possible ? Comment réellement faire de la prévention, de l’éducation thérapeutique et du soin ? Comment travailler tout en évitant les entraves du système dans la pratique de ma profession ? Ces questions, Jos de Block, infirmier néerlandais, se les est posées un million de fois. Pour y répondre, il a imaginé en 2006, avec trois collègues, le modèle « Buurtzorg » (« soins de proximité » en hollandais, ndlr). Cette méthode de travail a révolutionné le soin infirmier à domicile aux Pays-Bas et s’attaque désormais au reste du monde. Elle est expérimentée en France depuis 2017. Mais en quoi consiste-t-elle exactement ?

Responsabiliser les professionnels

« Pour Jos de Block, une équipe médico-sociale est efficace, qualitative et attentive dans la mesure où ses membres ont des temps de partage, d’échange sur ce qu’ils font, comment ils le font et comment ils pourraient faire autrement et mieux », explique Guillaume Alsac, cofondateur de l’association Soignons humain, qui applique le modèle néerlandais en France dans le cadre d’un programme européen (2017-2021) associant des professionnels belges et britanniques. Autre caractéristique essentielle à une meilleure prise en charge : les professionnels ont besoin de temps avec les patients, la famille et les autres intervenants. « Sur le terrain, le modèle “Buurtzorg” se traduit par la mise en place d’équipes de proximité, expose encore Guillaume Alsac. Il faut avoir un lien assez proche avec les patients mais aussi les médecins et autres intervenants médico-sociaux du territoire. » Concrètement, cela réside dans la création d’une petite équipe de 8 à 12 professionnels du soin à domicile. Celle-ci auto-pilote et autocoordonne son activité sur un petit secteur géographique. Dès que la demande dépasse les capacités d’une équipe de 12, une nouvelle entité est constituée pour répondre aux besoins du nouveau marché.

« L’idée est d’avoir le moins d’intervenants possible, le moins de turn-over, que les soignants connaissent bien les familles et inversement, appuie le cofondateur de Soignons humains. Quand vous connaissez bien le patient, vous pouvez mieux détecter si quelque chose ne va pas et intervenir ainsi de manière plus efficiente. » Et d’ajouter : « Le modèle “Buurtzorg” permet de responsabiliser les professionnels sur un secteur pour répondre aux besoins d’un client, d’un patient, d’un usager. L’idée est de donner le pouvoir aux professionnels sur le terrain. Ils sont responsabilisés. Un nouveau besoin arrive. L’équipe détermine elle-même qui le prend en charge. La structure support – le Saad ou le Ssiad(1) – sert à aider les professionnels à prendre le besoin. Mais le directeur, l’équipe de direction n’interviennent plus ensuite pour déterminer à qui va le besoin. »

Ainsi, avec le modèle “Buurtzorg”, les professionnels déterminent leur agenda. Ce sont eux les patrons. Même si, comme l’indique Guillaume Alsac, « ce changement de perspective assez radical nécessite évidemment beaucoup d’accompagnement et de formation. Il ne s’agit pas de les laisser se débrouiller seuls sans les avoir formés au préalable. » En France, depuis 2017, trois structures expérimentent, jusqu’en 2021, ce modèle dans le cadre d’un programme financé par l’Union européenne. L’idée n’étant toutefois pas de copier-coller telle quelle la démarche. « Ce serait voué à l’échec car chaque service à domicile, chaque structure est unique », assure Guillaume Alsac. Toutefois, celui-ci estime que « ce modèle doit se généraliser ». « Que vous soyez un Ehpad, un Ssiad, un Saad, une équipe d’infirmiers libéraux ou d’auxiliaires de vie, les fondamentaux du modèle “Buurtzorg” sont en effet nécessaires. Cela permet de donner le pouvoir et la responsabilité d’agir aux professionnels sur le terrain. »

Notes

(1) Service d’aide et d’accompagnement à domicile et service de soins infirmiers à domicile.

Focus

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur