Et moi, et moi, et moi…

Assistante sociale dans le cadre de la protection de l’enfance, Brigitte Peuziat a observé, noté, puis restitué. Papa, maman, l’Aide sociale et moi… est l’histoire de la révélation de la maltraitance, de son traitement, puis du ressenti de l’enfant au moment du signalement, de son placement. Elle rappelle que ce n’est qu’au XIX^e siècle que l’enfant est considéré comme un sujet de droit, et il faudra attendre 1989 pour que la maltraitance infantile soit définie. La cellule centralisée des informations préoccupantes (CCIP), qui traite depuis 2017 les signalements, peut décider de saisir le juge des enfants ou, considérant qu’il n’y a pas de danger imminent, de mettre en place une mesure administrative. Une mesure parfois à l’origine de contentieux avec les travailleurs médicosociaux qui, sur le terrain, n’ont pas forcément la même appréciation de la situation. « La famille prévenue du signalement s’attend à une décision judiciaire et, lorsqu’elle est informée d’une mesure administrative, la crédibilité du travailleur social est fragilisée », souligne l’auteure. Quid alors de l’enfant pris dans un conflit de loyauté ? « Dorénavant, il va adhérer à ce que ses parents lui demanderont pour se protéger, en évitant de révéler la réalité de sa sphère familiale. » Parents pervers, narcissiques, alcooliques, psychotiques…, le livre témoigne de différentes situations, mais aussi des traumatismes, de l’hérédité, du pardon, de la guérison, de l’attachement, du détachement, des visites médiatisées, des limites des travailleurs sociaux Pour des raisons d’économies et donc de réduction des effectifs, il leur incombe de s’occuper à la fois de la prévention de la maltraitance et du placement. Deux missions qui, selon l’auteure, devraient être attribuées à des équipes différentes, afin d’éviter qu’elles aient à choisir entre une urgence et une autre. Un livre sans concession et un plaidoyer pour les enfants placés, qui doivent « être courageux avant d’être heureux ».