Les Fédérations d’employeurs NEXEM et UNA ont fait part de leur intention de renforcer leur coopération, dans la perspective d’une fusion prévue à l’horizon 2020. Leurs responsables indiquent que le rapprochement devrait favoriser un décloisonnement entre les divers champs d’intervention, au profit d’un renforcement de la logique de parcours. Les services d’aide à domicile et les établissements seraient ainsi à même de mieux collaborer sur leurs territoires de référence. Le regroupement devrait également favoriser la poursuite de projets d’envergure liés à la transformation de l’offre, la valorisation des métiers et l’évolution des qualifications.
La fusion des deux têtes de réseau devrait par ailleurs leur assurer une visibilité plus importante auprès des pouvoirs publics, des moyens d’action supplémentaires et une meilleure couverture fonctionnelle et territoriale.
Les acteurs de terrain abordent ce projet de fusion avec davantage de circonspection et s’interrogent sur les bénéfices à en escompter.
Les ex-adhérents du Syneas et de la Fegapei (qui ont fusionné en 2016 pour constituer Nexem) ont déjà pu mesurer les effets d’une réunion. Le rapprochement a, certes, représenté pour chacun une opportunité d’élargir ses horizons et d’établir de nouveaux contacts. Il a également contribué à stimuler un mouvement de défiance chez les adhérents, comme en témoignent les réactions observées à l’occasion de la dernière assemblée générale de Nexem. La participation s’est révélée particulièrement faible, avec seulement 25 % d’adhérents présents ou représentés. Les rapports présentés ont été approuvés à une courte majorité (60 % des votants). Les participants ont enfin exprimé différentes critiques, faisant notamment référence à la distance ressentie entre les opérateurs de terrain et leur tête de réseau.
Les dirigeants de Nexem ont su entendre les critiques prononcées et entreprendre une refondation. Les ferments de la crise n’ont toutefois pas nécessairement été bien identifiés. La fusion a vraisemblablement généré un sentiment d’éloignement et de perte de sens chez les adhérents.
Les membres de la Fegapei faisaient jusqu’à présent partie d’un réseau assez homogène, de par les publics accompagnés (essentiellement des personnes en situation de handicap) et la taille des opérateurs représentés. Ils appréhendent Nexem comme un ensemble de structures très hétéroclite, dont l’identité apparaît délicate à cerner. La nouvelle organisation est présente sur l’ensemble des domaines d’intervention du secteur social et médico-social (protection de l’enfance, établissements pour personnes âgées, pour personnes handicapées, insertion, demandeurs d’asile…). Elle peine à porter une parole audible pour des organisations dont les problématiques sont assez disparates, en dépit de leurs convergences présumées.
Les anciens du Syneas ont réagi négativement à la révision à la hausse du niveau de leurs cotisations. Ils ont le sentiment d’être insuffisamment entendus et considérés au sein de leur nouvelle fédération.
Le risque est de voir ce phénomène de distanciation s’intensifier pour les adhérents de Nexem.
Les structures du réseau UNA bénéficient aujourd’hui du caractère très spécialisé et engagé de leur fédération. Elles abordent leur champ de référence – le maintien à domicile – avec une approche très militante. Elles ont pu bénéficier d’un appui technique et financier de leur tête de réseau dans le cadre de programmes de modernisation. Elles pourraient ne pas apprécier d’être associées à un ensemble plus vaste mais aussi plus impersonnel.
Les difficultés que pose la “course à la taille” des opérateurs se ressentent ainsi également au niveau de leurs fédérations ! »
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