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Erin, Edward, Irène, France et Michel

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On le sait que notre système n’est pas parfait. Oui, on le sait. Entre le foyer de l’ASE et la famille aimante, évidemment, on choisit la famille. Entre l’Ehpad et le chez-soi, évidemment, on choisit le chez-soi. Entre le logement HLM et la petite maison à la campagne avec jardin-balançoire-voiture et chien qui aboie joyeusement, évidemment, on choisit la maison. Entre l’IME et l’école, évidemment, on choisit l’école. Entre la prison et la liberté, évidemment, on choisit la liberté.

On sait tout ça. Evidemment. Y a comme un goût amer en nous… On le sait, et on fait avec. On fait ce qu’on peut avec les moyens du bord, c’est-à-dire, parfois, pas grand-chose.

Florine l’assistante sociale, Florent l’éducateur, Flore l’aide-soignante… et tous les autres, ils font au mieux. Ils font au mieux pour que Florimonde puisse rester chez elle malgré sa perte d’autonomie, pour que Georges ait le meilleur accompagnement possible, pour que Floyd ait accès à un logement, pour que Florestan puisse grandir en sécurité, pour que Florian bénéficie enfin de cette société dite inclusive… Ils font au mieux pour eux, et pour tous les autres. Ils travaillent comme ils peuvent, les travailleurs sociaux, les soignants, et les autres. Ils font au mieux, en silence. Y a des silences qui disent beaucoup.

Et pourtant…

Pourtant, tout n’est pas rose. Restrictions budgétaires, manque de personnel, et tout le reste… Ça aussi ils le savent.

Et parfois, en pleine course, en plein effort, un pavé !

Et vlan ! la citation inspirante de Pouet le poète qui fait le tour du net : « Mettons les personnes âgées dans les prisons et les prisonniers dans les Ehpad… » Gnagnagna patati patata…

Et paf ! l’avis non sollicité du tonton Flobert raciste sexiste validiste homophobe patenté et pas tentant : « De toute façon, en France, y en a que pour les étrangers, c’est comme ça… Et puis les bonnes femmes qui se font violer, parfois faut avouer qu’elles cherchent un peu quand même… »

Et boum ! le coup de gueule ultramédiatisé de celui qui a écrit un bouquin presque tout seul : « Tout va mal, on vous ment sur tout, achetez mon livre et je vous dirai tout… »

Le social-bashing sera toujours plus vendeur que toutes les bonnes volontés de ceux qui essaient de faire leur boulot correctement. Comme une éclaboussure de boue.

Et après ? Et maintenant ? Que font-ils, tous ces super-héros qui ont un avis sur tout et qui le crient à la face du monde ? Que font-ils, eux, jour après jour ?

Où sont-ils quand Florimonde tombe et ne se relève pas ? Quand Floyd s’installe dehors pour la nuit, une nuit de plus ? Que font-ils pour Florestan, pour Florian et les autres ?

Ils se rêvent en lanceurs d’alerte, tels Erin Brockovich, Edward Snowden ou Irène Frachon… Ils ne sont que vendeurs d’alerte(1), écumant les plateaux télé, éructant leur mépris de tous ces vendus qui se font du fric sur le dos des plus vulnérables… tout en vendant leurs bouquins dont les bénéfices n’iront qu’à eux-mêmes.

Et moi, Florence ? Moi, j’éteins la télé et je retourne bosser. A quoi ça sert, de courir partout ?

Notes

(1) Ecouter à ce propos Dominique Dupagne dans La tête au carré, France Inter, 25 juin 2019.

La minute de Flo

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